intention Comprendre
Comprendre le rôle de l’État dans la promotion, la protection, le financement et la diffusion de la culture québécoise au tournant du 21e siècle.
1980 à nos jours
Comprendre le rôle de l’État dans la promotion, la protection, le financement et la diffusion de la culture québécoise au tournant du 21e siècle.
À partir des années 1960, la culture devient un secteur dans lequel l’État s’implique pour assurer la protection de la langue française et pour soutenir le développement de la culture québécoise. Depuis les années 1980, les changements économiques engendrés par le néolibéralisme, les débats sur le statut politique du Québec et le développement technologique modifient les enjeux reliés à la culture. L’État québécois et les acteurs du domaine culturel se questionnent sur le rôle de la culture québécoise comme outil pour promouvoir le statut distinct du Québec au sein du Canada, sur son financement et sur la pression qu’exerce sur elle la culture américaine.
En 1992, le gouvernement du Québec adopte une politique culturelle pour réaffirmer son rôle dans la promotion, la protection, le financement et la diffusion de la culture québécoise. Le gouvernement précise que cette politique s’adresse à tous les Québécois, quelle que soit leur origine, et qu’elle réfléchit aux moyens de favoriser l’accès et la participation de toute la population à la culture québécoise, notamment par le biais de l’éducation.
Pour valoriser l’importance de la culture et pour assurer la contribution de l’industrie culturelle à l’économie, le gouvernement québécois accentue le financement des organismes culturels et des projets artistiques. Dans les années 1990, le gouvernement provincial multiplie les subventions.
Au Québec, les artistes peuvent soumettre leurs projets au Conseil des arts et des lettres du Québec ou à la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Ces organismes soutiennent des écrivains comme Dany Laferrière et Naomi Fontaine, des metteurs en scène comme Wajdi Mouawad et Robert Lepage, des cinéastes comme Denis Villeneuve et Louise Archambault, des chorégraphes comme Marie Chouinard ainsi que des musiciens comme Alexandra Stréliski et Arcade Fire.
Dans le Québec contemporain, l’État québécois continue de construire, de financer et d’administrer des lieux de diffusion éducatifs et touristiques comme les musées, les salles de spectacle et les bibliothèques. Dans les années 2000, le gouvernement réorganise notamment Bibliothèque et Archives nationales du Québec avec l’inauguration de la Grande bibliothèque ainsi que la mise en commun du patrimoine documentaire québécois, accessible dans une douzaine d’édifices répartis dans plusieurs villes de la province.
Malgré le dynamisme des institutions culturelles du secteur public, le financement et la diffusion de la culture demeurent fortement tributaire des entreprises privées. Les subventions gouvernementales appuient la musique, le cinéma et la télévision, mais ces industries comptent principalement sur les revenus tirées des concerts, des visionnements en salle et des diffusions en ligne. Ce contexte économique incite plusieurs artistes à viser un plus vaste marché que celui du Québec, ce qui contribue au rayonnement de la culture québécoise à travers le monde, que ce soit par l’entremise des spectacles du Cirque du Soleil ou du Festival international de Jazz de Montréal, de la musique de Leonard Cohen ou de Céline Dion ainsi que des films de Xavier Dolan.
De nombreux artistes québécois, qu’ils soient reconnus sur la scène internationale ou à l’échelle locale, affrontent la concurrence de l’industrie culturelle en provenance des États-Unis. Pour exploiter le marché québécois, l’industrie culturelle américaine mise entre autres sur des plateformes numériques d’écoute ou de visionnement en continu accessibles en ligne.
Les plateformes numériques exposent la population québécoise à des productions culturelles du monde entier, mais elles offrent peu de contenus produits au Québec. La compétition qu'engendre les transformations de l’industrie culturelle n’empêche pas les artistes québécois de continuer à produire des œuvres francophones et d’entretenir l'effervescence de la culture québécoise.
Dans les années 1980 et 1990, la Charte de la langue française (loi 101) continue de susciter des débats au sein de la population québécoise. En effet, des membres de la communauté anglophone soutiennent que la loi 101 va à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés. En plus de critiquer les mesures qui obligent l'affichage commercial et publicitaire en français, certains anglophones revendiquent le droit de choisir la langue d’enseignement de leurs enfants. Ces contestations se rendent devant la Cour suprême du Canada, qui invalide tour à tour les mesures sur la langue d’affichage et d’enseignement.
Pour s’ajuster aux jugements de la Cour suprême, le gouvernement de Robert Bourassa modifie la Charte de la langue française en permettant l’affichage dans d’autres langues que le français et en facilitant le choix de langue d’enseignement pour les anglophones. Par exemple, la loi 86 permet l’affichage bilingue à l’extérieur et à l’intérieur des commerces, en autant que le français soit prédominant. Dans les années 2010 et 2020, les gouvernements du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec proposent des mesures pour renforcer la protection de la langue française, suscitant de nouvelles contestations par certains anglophones.