Intention
Identifier la composition démographique de la colonie sous l’Acte constitutionnel et les changements qui la transforment.
1791 - 1840
Identifier la composition démographique de la colonie sous l’Acte constitutionnel et les changements qui la transforment.
Après la Conquête, la population coloniale demeure majoritairement francophone malgré les efforts de la couronne britannique qui souhaite encourager l’immigration en provenance de la métropole. Après la révolution américaine, l’immigration de plusieurs milliers de Loyalistes augmente le nombre d’anglophones dans la Province de Québec, mais ceux-ci demeurent minoritaires lors de l’adoption de l’Acte constitutionnel de 1791.
Au début du 19e siècle, l’immigration en provenance des iles britanniques entraine des changements sociaux dans la colonie de la vallée du Saint-Laurent. En effet, plus de 800 000 immigrants débarquent dans le port de Québec entre 1815 et 1851 pour s’installer dans une des colonies britanniques de l’Amérique du Nord. Cette arrivée massive de Britanniques augmente la proportion d’anglophones au sein de la population du Bas-Canada, mais les francophones demeurent tout de même majoritaires au plan démographique.
En plus de modifier la composition linguistique de la population, les immigrants en provenance de la Grande-Bretagne contribuent à l’augmentation des populations du Haut-Canada et du Bas-Canada. Alors que la population bas-canadienne passe d’environ 70 000 à presque 700 000 habitants entre 1790 et 1840, la population haut-canadienne atteint environ 430 000 personnes en 1840.
Après la Révolution française de 1789, des guerres éclatent entre la République française et plusieurs royaumes européens, dont la Grande-Bretagne. Au début des années 1800, les guerres napoléoniennes opposent l’Empire français de Napoléon Bonaparte au Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. En 1815, la défaite de Napoléon entraine la chute de l’Empire français et le début d’une paix entre la France et la Grande-Bretagne.
À la fin des guerres napoléoniennes, la Grande-Bretagne renforce son emprise sur la diplomatie, le commerce et le transport maritime à l’échelle mondiale. Cependant, une baisse importante du prix des produits agricoles désavantage les agriculteurs des iles britanniques. Dès lors, de nombreux fermiers décident de vendre leurs terres à de grands propriétaires afin de financer leur traversée de l’océan Atlantique et leur installation dans une colonie d’Amérique du Nord.
Au début du 19e siècle, plusieurs milliers d’Irlandais en quête de terres et de travail choisissent de s’établir dans les colonies des Maritimes, du Bas-Canada et du Haut-Canada. Beaucoup d’immigrants irlandais choisissent le Bas-Canada pour continuer de pratiquer le catholicisme, une religion qu’ils partagent avec les Canadiens.
En parallèle, des milliers de personnes en provenance de l’Angleterre et de l’Écosse s’établissent dans les colonies britanniques d’Amérique du Nord. Ces immigrants choisissent généralement les Maritimes et le Haut-Canada en raison des similitudes qu’ils partagent avec une population coloniale majoritairement anglophone, protestante et loyale envers la couronne britannique.
À la fin des années 1820, une moyenne de 30 000 immigrants arrive chaque année dans le port de la ville de Québec, dont plus de la moitié sont d’origine irlandaise. Ces immigrants britanniques choisissent de s’établir sur une terre agricole ou dans les villes portuaires pour trouver un travail. En plus de leurs motivations économiques, les immigrants britanniques cherchent à fuir les épidémies de choléra qui frappent la métropole à cette époque. Ces épidémies découlent de la pandémie de choléra qui se propage depuis 1829 à partir des Indes et de l’Empire russe avant d’atteindre le Royaume-Uni en 1831.
Face aux épidémies qui déciment Londres durant l’hiver de 1832, les autorités du Bas-Canada tentent de se préparer à l’arrivée des navires au printemps en adoptant des mesures pour freiner la propagation du choléra. Parmi ces mesures, il y a la mise sur pied d’une station de quarantaine sur une ile du fleuve Saint-Laurent près de la ville de Québec. Dès mai 1832, cette station connue sous le nom de Grosse-Île accueille des bateaux en provenance d’Irlande chargés de passagers, dont plusieurs sont atteints du choléra après une traversée dans des conditions sanitaires précaires.
Malgré la mise en quarantaine des passagers de certains navires, une épidémie de choléra se propage rapidement au Bas-Canada, ce qui entraine la mort d’environ 10 000 personnes dans les mois qui suivent. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, les avancées scientifiques permettent de comprendre le mode de transmission du choléra et de mieux freiner sa transmission dans certaines villes industrialisées en améliorant l’accès à une eau de qualité.
Dans les années 1790, environ 300 esclaves noirs se trouvent au Bas-Canada et entre 500 à 700 d’entre eux se trouvent au Haut-Canada. Plusieurs de ces personnes assujetties à l’esclavage arrivent en provenance des États-Unis avec leurs propriétaires loyalistes après la guerre d’indépendance. La majorité des membres de la Chambre d’assemblée du Haut-Canada possèdent des esclaves. Au Bas-Canada, environ le tiers des élus de la Chambre d’assemblée possèdent des esclaves au début des années 1790. En 1793, cette Chambre d’assemblée vote d’ailleurs à la quasi-unanimité contre un projet d’abolition de l’esclavage au Bas-Canada.
La remise en question de l'esclavagisme amorcée dans les années 1770 dans la métropole commence à se faire sentir dans les colonies britanniques à la fin du 18e siècle. En plus des journaux qui publient des textes en faveur de l’abolition de l’esclavage, la Chambre d’assemblée du Haut-Canada adopte l’Acte contre l’esclavage en 1793, une loi qui vise l’abolition progressive de l’esclavage. En effet, les esclaves en provenance des États-Unis sont affranchis lorsqu’ils arrivent sur le territoire du Haut-Canada. Toutefois, les habitants du Haut-Canada qui possèdent déjà des esclaves peuvent les conserver et le Bas-Canada maintient le droit de vendre des esclaves jusqu’à l’abolition de leur transport et de leur vente par le Royaume-Uni en 1807.
En 1833, le Parlement du Royaume-Uni adopte le Décret pour l’abolition de l’esclavage dans les colonies britanniques pour le développement du travail des esclaves émancipés et pour indemniser les personnes ayant droit aux services de ces esclaves. Cette Loi sur l’abolition de l’esclavage entre en vigueur le 1er aout 1834 dans tout l’Empire britannique et elle entraine l’affranchissement de plus de 800 000 esclaves dans les colonies des Caraïbes, de l’Afrique du Sud et du Canada. Jusqu’à l’abolition de l’esclavage aux États-Unis avec l'adoption du treizième amendement en 1865, plus 30 000 esclaves choisissent de se rendre dans les colonies britanniques du Canada pour obtenir leur liberté.
L’adoption d’une loi qui abolit l’esclavage ne dépend pas uniquement des pressions faites par les abolitionnistes britanniques. L’adoption de cette loi est rendue possible par la résistance des personnes assujetties à l’esclavage qui prend forme sous plusieurs facettes. Par exemple, ces personnes résistent par leurs actions quotidiennes de résilience ou de résistance sur les plantations ou les navires ainsi que par des révoltes contre les propriétaires d’esclaves. Les personnes assujetties à l’esclavage s’opposent même aux autorités coloniales qui maintiennent l’esclavagisme, comme dans le cas de la révolution haïtienne qui se déroule entre 1791 et 1804.