1896 - 1945
2. Les contenus du jeu
Texte et image : Dans la première moitié du 20e siècle
La scolarisation des garçons et des filles
Dans la première moitié du 20e siècle, les adolescentes sont proportionnellement moins nombreuses que les garçons du même âge à fréquenter l’école. Cela s’explique en partie par le fait que plusieurs francophones catholiques n’accordent pas une aussi grande importance à l’éducation des filles qu’à celle des garçons. Encouragés par les valeurs de l’Église catholique, les parents veulent avant tout que leurs filles apprennent à tenir une maison pour se préparer à devenir de bonnes mères. Il leur apparait donc plus utile de prioriser l’éducation des garçons.
Les jeunes filles qui ont la possibilité de rester à l’école n’ont pas pour autant accès à la même éducation que les garçons. Comme le rôle de la femme au foyer est très valorisé à l’époque, les filles se destinent souvent à l’école ménagère où elles reçoivent une formation axée sur la pratique. Au sein de ces institutions, les jeunes filles reçoivent des cours sur la confection de vêtements, l’art culinaire et les soins des enfants et elles pratiquent une panoplie de tâches liées à l’entretien du domicile. D’autres types d’institutions scolaires offrent des cours qui permettent aux jeunes filles d’exercer des métiers traditionnellement féminins comme ceux d’infirmière, d’enseignante ou de secrétaire.
Texte et image : Entre 1896 et 1945
L'accès des femmes à l'université
Entre 1896 et 1945, l’accès aux études supérieures demeure restreint pour la majorité des femmes. Les anglophones sont les premières à se tailler une place dans le milieu universitaire, d’abord au sein des facultés d’art, puis en médecine et en droit. À la fin du 19e siècle, l’Université Bishop ouvre son programme de médecine aux femmes et compte Maude Abbott parmi ses premières diplômées, une médecin célèbre pour ses recherches en cardiologie. En 1911, l’Université McGill permet aux femmes d’étudier le droit, mais celles-ci ne peuvent pas exercer le métier d’avocate avant que le Barreau du Québec autorise leur admission à la profession en 1941.
Chez les francophones, aucun collège classique masculin n’admet les femmes, ce qui empêche ces dernières d’obtenir le diplôme nécessaire à leur admission universitaire. Malgré la création du premier collège classique féminin en 1908, l’Université Laval restreint l’inscription des femmes à son programme de médecine jusqu’au début des années 1920. Comme en témoigne le parcours d’Irma Levasseur, les femmes doivent obtenir leur diplôme à l’extérieur du pays pour exercer la profession de médecin.
Texte et image : Les romans du terroir
Les romans du terroir
Les romans du terroir véhiculent entre autres les idées défendues par le clérico-nationalisme. Ces œuvres littéraires gagnent en popularité à partir de la deuxième moitié du 19e siècle et imprègnent la culture de masse jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Cela dit, les romans du terroir ne sont pas à l’abri de la censure lorsqu’ils évoquent des thèmes qui rompent avec les valeurs catholiques des autorités religieuses. Par exemple, Monseigneur Bruchési condamne la publication d’un chapitre de La Scouine dans le journal La Semaine en raison d’une scène à caractère sexuel. Cette condamnation entraine la mise à l’Index de ce journal, c’est-à-dire l’interdiction de le vendre, de le lire ou de le posséder.
Voici un extrait du chapitre de La Scouine critiqué par Monseigneur Bruchési :
« Se dirigeant dans la direction de la voix, les jambes embarrassées dans le foin et trébuchant à chaque pas, l’Irlandaise arriva à Charlot. Elle s’affaissa près de lui, les jupes trempées et boueuses, l’haleine puant l’alcool. Attisée par le genièvre, elle flambait intérieurement, et Charlot éprouvait lui aussi des ardeurs étranges.[…] Cet homme qui jamais n’avait connu la femme, sentait sourdre en lui d’impérieux et hurlants appétits qu’il fallait assouvir. Toute la meute des rêves mauvais, des visions lubriques, l'assiégeait, l’envahissait. »
Source : Albert Laberge, La Scouine, Montréal, Édition privée, 1918, p. 67.
2.4 L'ÉGLISE CATHOLIQUE
Dans la première moitié du 20e siècle, l’Église catholique poursuit le recrutement des prêtres, des religieux et des religieuses, ce qui nourrit une croissance soutenue de ses effectifs. En 1901, les communautés religieuses du Québec comptent plus de 8 000 personnes, ce qui correspond en moyenne à un religieux pour 166 croyants. En 1931, ces communautés comptent environ 25 000 personnes, ce qui correspond en moyenne à un religieux pour 97 catholiques.
La croissance des effectifs religieux permet à l’Église catholique d’intensifier sa présence dans les paroisses rurales du Québec et de fournir un encadrement aux croyants des paroisses urbaines. En réaction à l’urbanisation et l’immigration, l’Église catholique multiplie les paroisses dans les villes pour accueillir les ruraux. Elle crée également des paroisses nationales pour accueillir les catholiques d’origine européenne.
Texte : Grâce à ses nombreux
Grâce à ses nombreux effectifs, l’Église catholique peut maintenir son influence morale et culturelle sur les croyants. Jusqu’à la Grande dépression, plus de 85 % de la population québécoise pratique la religion catholique et accorde une place importante aux valeurs et aux rites de leur confession. Les sept sacrements et le repos du dimanche guident la vie spirituelle des croyants et structurent le rythme de leur vie quotidienne. L’Église catholique influence également la vie culturelle des croyants lorsque les autorités religieuses dénoncent la culture de masse américaine ou mettent des œuvres littéraires à l’Index.
À partir de la Grande dépression, le clergé catholique investit tout de même la culture de masse québécoise avec la création d’émissions de radio comme L’heure catholique et L’heure dominicale. Transmise tous les dimanches soir à la station CKAC jusque dans les années 1950, L’heure catholique diffuse de la musique religieuse et des chroniques sur des thématiques bibliques.