Intention 1
Déterminer des conséquences de la capitulation de Montréal sur les Canadiens.
1760 - 1791
Déterminer des conséquences de la capitulation de Montréal sur les Canadiens.
Environ un an après la bataille des Plaines d’Abraham, le commandant des forces britanniques Jeffery Amherst ordonne à ses troupes de converger vers Montréal. Trois armées, dont celle dirigée par James Murray, se dirigent ainsi vers Montréal à la fin de l’été 1760 en détruisant des villages sur leur passage. Face à la pression militaire exercée par les Britanniques, les Français décident de rendre les armes et de négocier les conditions de la capitulation de Montréal. Les Britanniques exigent entre autres le départ des autorités politiques, des officiers militaires et des soldats français, ce qui mène au départ d’environ 1000 personnes vers la France dès l’automne 1760.
La capitulation de Montréal prévoit aussi des mesures pour encadrer les relations entre la couronne britannique et les habitants du Canada. Par exemple, les Britanniques permettent aux communautés religieuses, aux seigneurs et aux habitants canadiens de rester dans la vallée du Saint-Laurent sans crainte d’être déportés. Ce n’est pas le cas pour la population acadienne dont la déportation entamée en 1755 se poursuit jusqu’en 1763.
Durant le régime militaire, les Britanniques permettent également aux Canadiens de conserver leurs biens et de faire du commerce ainsi que de pratiquer la religion catholique, mais ils refusent la nomination d’un nouvel évêque. En continuité avec le régime français, la couronne britannique maintient l’esclavage au Canada.
Trois articles de la capitulation de Montréal
- « Article 27 : Le libre exercice de la religion catholique [...] subsistera en son entier, en sorte que [...] le peuple des villes et des campagnes [...] [pourra] continuer de s'assembler dans les églises [...]. »
- « Article 37 : Les seigneurs de terre, les officiers militaires et de justice, les Canadiens, tant des villes que des campagnes, les Français établis ou commerçants dans toute l'étendue de la colonie de Canada, et toutes les autres personnes que ce puisse être, etc. conserveront l'entière paisible propriété et possession de leurs biens seigneuriaux et roturiers, meubles et immeubles, marchandise, pelleteries et autres effets, même de leurs bâtiments de mer ; il n'y sera point touché ni fait le moindre dommage sous quelque prétexte que ce soit. »
- « Article 47 : Les [Noirs] et panis des deux sexes resteront en leur qualité d'esclaves en la possession des Français et Canadiens, à qui ils appartiennent [...]. »
Source : Jacques Leclerc, « Articles de la capitulation de Montréal (1760) », L’aménagement linguistique dans le monde, page consultée le 27 juin 2023.
La guerre de la Conquête et le changement d’empire conduisent environ 4 000 personnes à quitter le Canada pour la France. En plus des autorités politiques et militaires qui doivent obligatoirement s’exiler, plusieurs nobles et marchands décident d'émigrer en métropole française. Entre 1760 et 1766, de nombreux seigneurs d’origine française vendent ainsi leur seigneurie, ce qui permet à des militaires et des marchands britanniques d’acquérir des terres dans la colonie. Certains paysans canadiens émigrent aussi en France, mais la majorité d’entre eux décident de rester sur le territoire afin de poursuivre leurs activités agricoles.
Malgré l’émigration, la population coloniale continue de croitre, passant d’environ 54 000 à 70 000 habitants entre 1754 et 1765. Dans l’ensemble, les Canadiens continuent d’occuper un vaste territoire en Amérique du Nord, ce qui représente un défi pour les autorités responsables d’asseoir le pouvoir de la couronne britannique dans la vallée du Saint-Laurent.
Sous le régime militaire britannique, les habitants du Canada amorcent la reconstruction de la colonie dévastée par la guerre de la Conquête. Majoritairement ruraux, les Canadiens rebâtissent leurs habitations et leurs granges en plus de relancer la production agricole nécessaire pour assurer leur subsistance. Puisque la capitulation de Montréal permet aux Canadiens de conserver leurs biens, ceux-ci peuvent s’appuyer sur la continuité du régime seigneurial pour assurer la reprise de la vie quotidienne aux plans social et économique.
La couronne britannique encadre la reconstruction et le changement d’empire par le biais du commandant Amherst qui joue le rôle de gouverneur. Celui-ci désigne ses officiers pour gouverner les districts de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal. Plusieurs centaines de soldats britanniques assurent le maintien de l’ordre dans ces villes, mais ils ne peuvent pas assurer à eux seuls ce rôle sur le vaste territoire occupé par les Canadiens.
De sorte, les autorités britanniques confèrent plusieurs responsabilités aux capitaines de milice canadiens qui ont survécu aux combats. Ces derniers doivent communiquer les messages de la couronne britannique auprès de la population coloniale en plus d’agir en tant que juges pour régler des conflits entre les habitants. Les capitaines de milice administrent aussi les corvées demandées aux Canadiens par les Britanniques, que ce soit pour loger des soldats ou pour fournir différentes ressources comme du bois, de la paille et du blé. Habitués à ce genre de travaux sous le régime seigneurial, la plupart des paysans contribuent aux corvées sous la supervision des capitaines de milice qui répartissent les tâches au sein des paroisses.
En somme, la capitulation de Montréal donne le ton au changement d’empire, car les Britanniques consolident leur emprise sur la vallée du Saint-Laurent. Cela dit, l’ampleur de la population coloniale et le fait que les Canadiens occupent un vaste territoire incitent la couronne britannique à agir de façon pragmatique. En effet, les Britanniques misent sur une politique de conciliation pour éviter d’alimenter la résistance face au nouvel empire.