Intention 3
Donner des exemples de diversification économique sous l’administration des intendants et déterminer les changements du commerce des fourrures et son influence sur l’exploration du territoire en Amérique du Nord.
1608 - 1760
Donner des exemples de diversification économique sous l’administration des intendants et déterminer les changements du commerce des fourrures et son influence sur l’exploration du territoire en Amérique du Nord.
Entre 1663 et 1760, la France continue de s’appuyer sur le commerce des fourrures pour assurer le développement économique de la Nouvelle-France. Cela dit, le gouvernement royal multiplie les actions en vue de diversifier l’économie de la colonie. Aux 17e et 18e siècles, les expéditions pour la traite des fourrures conduisent les Français à intensifier l’exploration du territoire dans les régions des Grands Lacs, de la baie d’Hudson et du fleuve Mississippi.
Entre 1665 et 1672, l’intendant Talon applique des mesures pour diversifier les activités économiques en Nouvelle-France et pour augmenter la production de biens destinés à l’exportation.
Malgré le soutien financier du roi, la plupart des initiatives commerciales du premier intendant n’arrivent pas à répondre à ces objectifs économiques. En effet, la culture du lin et du chanvre ne sera pas suffisante pour produire du tissu, le chantier naval construit quatre embarcations avant de fermer et la brasserie cesse sa production de bière destinée aux Antilles un an après le retour de Talon en France.
Pour diversifier l’économie coloniale tout en enrichissant la métropole, la couronne française encourage aussi les marchands à établir des routes commerciales entre la France, la Nouvelle-France et les Antilles. Pour les marchands venus d’Europe, une expédition commerciale implique désormais deux destinations en Amérique, soit la Nouvelle-France, puis les Antilles. Ces marchands peuvent donc adapter leur navigation au calendrier des saisons afin d’éviter le gel du fleuve Saint-Laurent ainsi que les ouragans de la mer des Caraïbes et de l’océan Atlantique. Entre 1664 et 1674, la France compte sur la Compagnie des Indes Occidentales pour assurer le commerce dans ses colonies américaines ainsi que la traite des esclaves dans ses colonies africaines.
Au 18e siècle, le commerce triangulaire permet aux colonies françaises de devenir un peu moins dépendantes de la métropole, car elles s’échangent certains surplus comme le bois (Nouvelle-France) et la mélasse (Antilles). Cela dit, la Nouvelle-France et les Antilles demeurent principalement tributaires de leurs exportations de fourrures et de sucre vers la France. Les activités économiques des colonies continuent ainsi d’évoluer sous le mercantilisme, qui a pour but premier d’enrichir la métropole.
En parallèle, le gouvernement royal continue ses efforts pour diversifier l’économie de la Nouvelle-France, comme en témoignent les mesures déployées sous l’intendant Gilles Hocquart entre 1729 et 1748. L’intendant Hocquart soutient notamment l’ouverture des forges du Saint-Maurice, le développement du chantier naval royal et l’achèvement du chemin du Roy. Malgré toutes les mesures prises pour assurer la diversification des activités économiques en Nouvelle-France, ce sont les profits du commerce des fourrures qui assurent le fonctionnement de la colonie jusqu’à la fin du régime français.
Dès l'instauration du gouvernement royal en 1663, les autorités coloniales tentent de reprendre le contrôle du commerce des fourrures, déstabilisé par la chute de la Huronie et la multiplication du nombre de coureurs des bois dans la région des Grands Lacs. Pour encadrer la traite des fourrures, le gouvernement royal institue de nombreuses règles, comme celles présentées dans le tableau.
En 1681, le roi de France adopte un règlement qui oblige les colons à se procurer un permis pour faire des voyages de traite. Ce permis que l’on nomme le congé de traite permet aux voyageurs de quitter la vallée du Saint-Laurent avec des produits européens et de se rendre auprès des nations autochtones pour échanger ces marchandises contre des fourrures. Jusqu’à la fin du régime français, les expéditions commerciales se poursuivent généralement sous le système des congés de traite et des voyageurs, mais certains coureurs des bois continuent leurs activités sans permis. Ceux-ci se rendent parfois dans les Treize colonies pour échanger des fourrures aux marchands anglais de manière clandestine.
Aux 17e et 18e siècles, les expéditions commerciales et l’expérience des coureurs des bois et des voyageurs permettent aux Français d'intensifier l’exploration du territoire à l’ouest du lac Huron. Dès les années 1650 et 1660, des explorateurs se rendent aux lacs Supérieur puis Michigan, où ils établissent des relations avec les nations autochtones qui occupent ces territoires. Dans les décennies suivantes, des explorateurs se rendent jusqu’à la baie James en empruntant le lac Mistassini et la rivière Rupert ou en contournant le Labrador. Certaines expéditions se rendent même jusqu’au golfe du Mexique en empruntant la rivière Illinois et le fleuve Mississippi. Par exemple, René-Robert Cavelier de La Salle explore cette région et prend possession au nom du roi de France du territoire qui deviendra la Louisiane en 1682.
À partir des années 1670, les autorités coloniales demandent aux militaires de suivre les trajets des explorateurs pour prendre possession des territoires autochtones au nom du roi de France. Pour ce faire, les Français construisent des forts qui assurent la protection des colons et des postes de traite ou se déroulent les échanges avec les Autochtones. Jusqu’au milieu du 18e siècle, la construction de forts dans la région des Grands Lacs et en Louisiane permet à la Nouvelle-France d’accroitre son influence politique et économique sur ces territoires ainsi que de restreindre l’expansion des Treize colonies vers l’ouest de l’Amérique du Nord.