Intention 2
Expliquer comment les relations entre la Grande-Bretagne et les Treize colonies influencent la Province de Québec.
1760 - 1791
Expliquer comment les relations entre la Grande-Bretagne et les Treize colonies influencent la Province de Québec.
En plus d'administrer la Province de Québec (Province of Quebec), la couronne britannique doit continuer de gérer ses relations avec les Treize colonies qui réclament de plus en plus d’autonomie face à la métropole. De nombreux colons américains qualifient l’Acte de Québec de loi intolérable parce qu’elle accorde des concessions trop importantes à la Province de Québec. Animés par un sentiment anti-catholique, certains colons américains dénoncent la reconnaissance de l’Église catholique par la couronne britannique. En parallèle, l’extension territoriale de la province de Québec dans la région des Grands Lacs est perçue de manière négative, puisque cela vise à freiner l'expansion vers l’ouest des Treize colonies.
L’insatisfaction des colons américains envers l’Acte de Québec s’inscrit dans un contexte déjà tendu entre les Treize colonies et la couronne britannique. De plus en plus de colons américains critiquent les taxes imposées par la métropole, dont celles qui visent à rembourser les dépenses liées à la guerre de Sept Ans. Beaucoup de colons américains réclament également d’être représentés dans le gouvernement de la métropole, ce que refusent les autorités britanniques. Dès lors, un mouvement de révolte s’organise dans les Treize colonies.
En 1774, des représentants américains envoient une série de lettres aux Canadiens pour tenter de les convaincre de se joindre au soulèvement des Treize colonies. Ces lettres rencontrent un succès très limité auprès de la population de la Province de Québec qui reste méfiante vis-à-vis des Treize colonies. En 1775, les colons américains entrent en guerre avec la métropole britannique sans l’appui de la colonie canadienne.
En septembre 1775, les Treize colonies américaines lancent une invasion du Canada. Les militaires américains prennent Montréal en novembre, mais échouent à prendre Québec lors d'une attaque en décembre de la même année. Lors de l’invasion, la majorité de l’élite canadienne se range du côté des autorités britanniques tandis que le reste de la population demeure majoritairement neutre. Pour certaines nations autochtones de la région, l’invasion américaine est l’occasion d’honorer leur alliance avec la couronne britannique en soutenant l'effort de guerre contre l'armée américaine.
Incapable de consolider leur présence dans la vallée du Saint-Laurent, les troupes américaines sont forcées de se replier face à la contre-attaque britannique en 1776. Toutefois, la défaite américaine dans la Province de Québec ne met pas fin à la révolution américaine. En 1776, les États-Unis d’Amérique déclarent leur indépendance, qui sera reconnue par la couronne britannique en 1783 au terme d’une guerre qui aura duré sept ans. C’est à travers le traité de Paris de 1783 qu’est officialisée cette reconnaissance.
En plus de mettre fin à la guerre entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, le traité de Paris de 1783 redessine les frontières coloniales en Amérique du Nord. La Grande-Bretagne conserve la Province de Québec et les colonies des Maritimes, mais elle doit céder les territoires au sud des Grands Lacs. Ainsi, les États-Unis peuvent maintenant coloniser ces territoires auparavant réservés aux différentes nations autochtones à travers la Proclamation royale de 1763.
Après 1783, les États-Unis poursuivent leur expansion territoriale et répriment les Premières Nations qui ont soutenu les Britanniques durant la guerre. Par exemple, les autorités américaines contraignent la Ligue des Six-Nations (Iroquois) à accepter un traité de paix qui les obligent à céder leurs terres dans la région de l’actuel état de New York. À partir de 1784, 2 000 Mohawks quittent cette région pour migrer au nord du lac Érié sur un territoire que leur accorde la couronne britannique.
Durant la révolution américaine, environ 20 % de la population des Treize colonies est formée par des Loyalistes qui soutiennent la Grande-Bretagne et qui s’opposent donc à l’indépendance. En raison du conflit et de la défaite des Britanniques, environ 60 000 Loyalistes fuient les États-Unis. La Grande-Bretagne assure aux Loyalistes qu’elle leur fournira des terres dans ses autres colonies, ce qui encourage 30 000 Loyalistes à se diriger vers les colonies des Maritimes et près de 6 000 Loyalistes à se réfugier dans la Province de Québec.
Après une migration qui peut durer plusieurs semaines, de nombreux Loyalistes s’installent temporairement dans les camps de réfugiés de la Province du Québec. Dans ces camps, les Loyalistes, particulièrement les femmes et les enfants, doivent faire face à la rareté de la nourriture et à la maladie en attendant de s’établir de façon permanente sur les terres promises par la couronne britannique. À la fin du 18e siècle, de nombreux Loyalistes reçoivent des terres à l’ouest de la rivière des Outaouais où vivent des Anishinabegs, au sud du fleuve Saint-Laurent sur le territoire qu'occupent les Abénakis ainsi qu'en Gaspésie près des Mi’gmaqs. L'établissement massif de Loyalistes dans ces régions restreint l'accès aux ressources de chasse et de pêche que les Premières Nations utilisent pour leur subsistance.
Ne souhaitant pas intégrer le régime seigneurial, les Loyalistes veulent posséder et cultiver des terres selon le système britannique des cantons. De nombreux Loyalistes souhaitent également l’implantation d’institutions britanniques comme la chambre d’assemblée élue, ce qui les incite à soutenir les revendications des marchands anglophones et de la bourgeoisie professionnelle canadienne.