Intention - LA DEUXIÈME PHASE D’INDUSTRIALISATION
Déterminer les changements qui surviennent entre la première phase et la deuxième phase d’industrialisation et cerner les valeurs du libéralisme économique.
1896 - 1945
Déterminer les changements qui surviennent entre la première phase et la deuxième phase d’industrialisation et cerner les valeurs du libéralisme économique.
Source : Office national du film du Canada, Une travailleuse sur une chaine de montage soude un chargeur de fusil-mitrailleur à Toronto, Ontario (8 avril 1941), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3626748. Licence : domaine public.
La deuxième phase d’industrialisation prend notamment forme avec des transformations touchant la production manufacturière et le capitalisme industriel. D’une part, les usines augmentent leur capacité de production en poursuivant la mécanisation et la division du travail ainsi qu’en adoptant de nouvelles technologies comme la chaine de montage. Lors des deux guerres mondiales, la capacité de production des manufactures canadiennes se montrera utile pour l’industrie de guerre, c’est-à-dire la fabrication de matériel destiné aux militaires. D’autre part, les plus grandes entreprises consolident leur emprise sur le secteur économique qu'elles exploitent en achetant leurs plus petits concurrents.
Source : Auteur inconnu, Centrale hydroélectrique de la Dominion Textile à Magog, Québec (vers 1930), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3381706. Licence : domaine public.
Au Québec, la deuxième phase d’industrialisation se manifeste entre autres par une exploitation accrue des ressources minières, forestières et hydrauliques, des secteurs dont la croissance continue de reposer principalement sur des capitaux étrangers.
Déterminer les changements économiques qui surviennent lors de la deuxième phase d’industrialisation.
L'exploitation de l'hydroélectricité en 1930
Principales compagnies privées d'électricité : Northern Quebec Power, Gatineau Power, Southern Canada Power, Shawinigan Water & Power, Sagunay Electric, Quebec Power, Compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent, Montreal Light, Heat and Power.
Source : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source : Ministère de la main-d'oeuvre et de l'immigration, Un jeune homme qui travaille dans une aluminerie (entre 1930 et 1960), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4369867. Licence : domaine public.
Au tournant du 20e siècle, l’économie québécoise continue de fonder une partie de sa prospérité sur la production d’aliments et de boissons, de textiles et de vêtements ainsi que de produits du fer et de l’acier. À ce moment, la deuxième phase d’industrialisation suscite aussi l’essor des industries papetière et minière, des secteurs de production qui s’appuient sur l’exploitation des ressources naturelles du Québec. En effet, les forêts québécoises regorgent d’arbres prisés pour la production de pâtes et papiers alors que les sols de la province renferment différents minerais comme l’or, le fer, l’amiante, le cuivre et le zinc.
Les nouveaux secteurs de production comptent également sur les ressources hydrauliques du Québec. Ces ressources d’eau alimentent les usines et les équipements industriels avec une nouvelle source d’énergie : l’hydroélectricité. Puisque le territoire québécois abonde en rivières et en lacs, l’hydroélectricité peut alimenter à faible cout des entreprises dans les centres urbains ou dans les régions éloignées. Dans le secteur minier, l’hydroélectricité permet l'utilisation de nouvelles techniques nécessaires à la production de l’aluminium comme l’électrochimie et l’électrométallurgie.
La répartition des investissements étrangers au Canada (1900-1930)
Les investissements britanniques passent de 85 % à 36 % des investissements étrangers au Canada entre 1900 et 1930. À l'inverse, les investissements américains passent de 14 % à 61 % pendant la même période.
Source des données : Paul-André Linteau, René Durocher, Jean-Claude Robert, Histoire du Québec contemporain, tome 1 : De la Confédération à la crise (1867-1929), Montréal, Boréal, 1989, p. 443.
Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Dans les premières décennies du 20e siècle, de nombreuses entreprises s’implantent donc au Québec en quête de ressources naturelles abondantes et d’une source d’énergie peu couteuse. Cela dit, l’extraction et la transformation des matières premières nécessitent d’importants capitaux pour financer la construction des bâtiments et l’achat d’équipements qu’exigent les activités économiques.
Alors que la majorité des investissements étrangers proviennent du Royaume-Uni au 19e siècle, la part des capitaux en provenance des États-Unis augmente rapidement au début du 20e siècle.
Les investissements américains dans l'industrie canadienne, 1897-1914
Les capitaux américains investis au Canada passent de 20 millions de dollars à 74 millions de dollars entre 1897 et 1914.
Source des données : John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, Septentrion, Sillery, 2003, p. 241.
Source du capital : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
À partir des années 1920, les capitaux américains représentent la majeure partie des capitaux étrangers, ce qui se traduit par l’installation de grandes entreprises américaines au Québec. Jusqu’à la crise économique des années 1930, ces compagnies stimulent la croissance économique de la province, créent de nombreux emplois et entrent en compétition avec les entreprises canadiennes-françaises de plus petite taille.
Source : Auteur inconnu, Shawinigan Falls, QC (vers 1930), Musée McCord, MP-0000.25.596. Licence : domaine public
Pour exploiter les ressources naturelles, les entreprises étrangères déploient leurs infrastructures dans des régions peu peuplées comme l'Abitibi, la Mauricie et le Saguenay. En quelques décennies, les populations de ces régions éloignées augmentent rapidement alors que certains villages ruraux deviennent des villes industrielles. Par exemple, la population de Shawinigan passe de 1 600 à 15 000 habitants entre 1901 et 1930 à la suite de l'implantation de l’aluminerie Pittsburgh Reduction et de l’usine de la Belgo-Canadian Pulp & Paper Company.
Source : William Notman & Son, Partie sèche de la salle des machines, usine de pâte Laurentide (vers 1908), Musée McCord, VIEW-4517. Licence : domaine public.
Afin d'attirer de nouveaux capitaux étrangers et de soutenir le développement des nouvelles régions industrielles, le gouvernement québécois développe des infrastructures comme les routes et les chemins de fer. Le gouvernement provincial finance ces infrastructures en partie grâce aux revenus tirés de l’exploitation des ressources naturelles. En plus de compter sur les revenus des concessions forestières comme au 19e siècle, l’État québécois accorde de plus en plus de terres publiques aux entreprises minières. Jusqu’à la crise économique des années 1930, les concessions forestières et minières représentent une des principales sources de revenus de la province du Québec.
Source : Auteur inconnu, La centrale de Lachine de la Montreal Light, Heat & Power, inaugurée le 25 septembre 1897 (1929), Archives d'Hydro-Québec, F9/700771. Licence : domaine public.
La deuxième phase d’industrialisation prend également forme avec l’émergence d’un capitalisme de monopole. De grandes compagnies deviennent ainsi l’unique producteur d’un bien ou fournisseur d’un service en fusionnant avec d’autres entreprises ou en achetant leurs plus petits compétiteurs. Cette concentration des entreprises élimine la concurrence, ce qui permet aux compagnies en situation de monopole de fixer les prix à leur avantage afin de maximiser leurs profits.
Les monopoles se multiplient notamment dans les secteurs de la finance, de l’industrie lourde et de l’énergie. Par exemple, la fusion de plusieurs petites compagnies de gaz et d’électricité mène à la création de la Montreal Light Heat & Power Consolidated en 1901. Dans la région de Montréal, cette compagnie détient le monopole de la production et de la distribution d’électricité, une entreprise que le gouvernement québécois nationalise sous le nom d’Hydro-Québec en 1944.
Déterminer les changements et les continuités dans le mouvement syndical et la situation des travailleuses au début du 20e siècle.
La prospérité économique qui accompagne la deuxième phase d’industrialisation profite de manière inégale à la population. Tout comme aux débuts du capitalisme industriel, la bourgeoisie dispose de la quasi-totalité des bénéfices engendrés. Les ouvriers et les ouvrières, qui sont de plus en plus nombreux, doivent plutôt composer avec des conditions de vie et de travail difficiles. La plupart d’entre eux travaillent 60 heures par semaine pour de maigres salaires qui leur permettent rarement de se sortir de la pauvreté. Les ouvrières, quant à elles, continuent de faire face au quotidien à une foule d’inégalités qui découlent du rôle attendu des femmes dans la société industrielle.
Source : Auteur inconnu, Intérieur de la Berliner Gramophone Company, Montréal, QC (1910), Musée McCord, MP-1982.69.1. Licence : domaine public
Source : Black & Bennet, Femmes au travail, International Manufacturing Co., Montréal, QC (entre 1914 et 1918), Musée McCord, MP-0000.2082.6. Licence : domaine public
Source : Auteur inconnu, Département de tournage du bois, aile Workman, Université McGill, Montréal, QC (vers 1901), Musée McCord, MP-0000.25.287. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).
Au début du 20e siècle, les ouvrières endurent toujours des conditions de travail très difficiles qu'ils remettent en question par l’entremise des syndicats. Pour améliorer ces conditions, les organisations ouvrières et féminines exercent des pressions sur les gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral. Ces gouvernements mettent en place des lois qui visent notamment à limiter le travail des femmes et des enfants, éviter les accidents, améliorer les conditions d'hygiène, augmenter les salaires et régler les conflits de travail.
Source : Studio de luxe, « La Convention des unions nationales catholiques, à Hull », La Patrie, 28 septembre 1921, p. 1, Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Licence : domaine public.
En 1900, le gouvernement canadien institue un ministère du Travail et adopte la Loi sur l’arbitrage lors des conflits de travail. Le Québec adopte des lois prévoyant une indemnisation en cas d’accident de travail en 1909 et en 1928. Souhaitant limiter le travail des enfants et encourager la persévérance scolaire, le Québec fixe l’âge minimum pour travailler à 14 ans en 1914. Afin d’assurer le respect de la législation relative aux conditions de travail, la province embauche aussi des inspecteurs et des inspectrices.
Source : Auteur inconnu, « Premier conseil d’administration de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, Montréal, 1907 », Le Passe-Temps, vol. 13, no 319, 15 juin 1907, p. 1, Wikimedia Commons. Licence : domaine public.
La FNSJB compte notamment des associations professionnelles qui regroupent les travailleuses selon leur secteur d’emploi : bureaux, manufactures, magasins, écoles ou maisons privées. Ces associations ont pour objectif de défendre les intérêts des femmes, mais aussi de les éduquer en leur offrant entre autres des cours du soir. En 1914, la FNSJB fonde un Comité d’assistance pour le travail qui vise à aider les chômeuses à se trouver un emploi et à fournir une aide d’urgence aux travailleuses. Les militantes exigent aussi que le gouvernement établisse un salaire minimum et que le Code civil soit réformé de sorte à ce que les femmes mariées puissent gérer leur salaire.
Bien que la FNSJB milite pour améliorer les conditions des travailleuses, elle ne valorise cependant pas le travail des femmes mariées à l’extérieur de la maison, sauf en cas de grande nécessité. En fait, les militantes féministes de l’époque adhèrent à ce qu’on appelle le féminisme maternaliste, c’est-à-dire un féminisme faisant la promotion du rôle traditionnel des femmes en tant que mères.