Intention
Caractériser la situation économique des colonies sous l’Acte constitutionnel. Décrire les secteurs de l’économie, les infrastructures et les conséquences sociales des activités économiques.
1791 - 1840
Caractériser la situation économique des colonies sous l’Acte constitutionnel. Décrire les secteurs de l’économie, les infrastructures et les conséquences sociales des activités économiques.
Au début du 19e siècle, la situation économique du Haut-Canada et du Bas-Canada est favorisée par l’augmentation de la demande pour les matières premières comme le bois et les produits agricoles ainsi que par les tarifs préférentiels appliqués par la métropole. Après une période de transition à la suite du changement d’empire, les marchands britanniques de la métropole voient de plus en plus d’avantages à investir dans les colonies d’Amérique du Nord. Ils continuent de financer le commerce des fourrures, mais ils investissent de plus en plus de capitaux dans l’exploitation des ressources forestières.
Fondée en 1817, la Banque de Montréal joue un rôle important dans le financement des infrastructures comme le canal Lachine et, plus largement, dans le développement de plusieurs secteurs dans le contexte de l’industrialisation qui marque la deuxième moitié du 19e siècle.
Les capitaux britanniques contribuent à la naissance d’une industrie canadienne et à la construction d’infrastructures de transport. On souhaite aménager des infrastructures comme des canaux et des chemins de fer pour accélérer et faciliter le déplacement des gens et des marchandises. Ces grands chantiers de construction nécessitent de vastes bassins de main-d'œuvre, généralement embauchée par la minorité de personnes qui détiennent les capitaux. Les investisseurs s’appuient sur la création de banques pour protéger leurs capitaux et les faire fructifier.
À la fin du 18e siècle, l’économie coloniale repose toujours en grande partie sur le commerce des fourrures. Ce commerce est dorénavant sous l’emprise de marchands britanniques, dont plusieurs sont issus de l’immigration écossaise. Depuis la création de la Compagnie du Nord-Ouest en 1783, les marchands écossais consolident leur emprise sur le commerce des fourrures malgré le monopole de la Compagnie de la Baie d’Hudson sur la Terre de Rupert. Pour faire face à ce monopole, la Compagnie du Nord-Ouest intensifie ses expéditions vers l’Ouest du continent, ce qui entraine l’expansion des territoires exploités dans les Prairies et l’exploration du territoire au-delà des Rocheuses, jusqu’à l’océan Pacifique.
Pour affronter la concurrence de la Compagnie du Nord-Ouest, la Compagnie de la Baie d’Hudson étend à son tour les territoires qu’elle exploite au-delà des rives de la baie d’Hudson en intensifiant l’ouverture de postes de traite à l’intérieur du continent. La concurrence économique et territoriale entre ces deux compagnies s’exacerbe au point où elle conduit à plusieurs affrontements qui nuisent au commerce des fourrures. Les tensions se poursuivent jusqu’à ce que le gouvernement britannique adopte une loi pour fusionner les compagnies. En 1821, la Compagnie de la Baie d’Hudson absorbe ainsi la Compagnie du Nord-Ouest, ce qui lui permet de reprendre le contrôle du secteur économique et d’ajouter le Territoire du Nord-Ouest au monopole qu’elle détient sur la Terre de Rupert.
Après la fusion des compagnies en 1821, la demande des pays européens pour les fourrures diminue progressivement. De plus, l’exploitation intensive du petit gibier entraine un épuisement des populations de castor dans plusieurs régions, ce qui provoque des difficultés économiques au sein des communautés autochtones qui dépendent du piégeage. Finalement, l’importante croissance de la population coloniale suscite un besoin pour l’ouverture de nouveaux territoires à la colonisation. Ce changement démographique incite une partie de l’élite politique et de la classe marchande à remettre en question l’étendue des terres possédées par la Compagnie de la Baie d’Hudson.
À la fin du 18e siècle, le commerce des fourrures constitue toujours une part importante des exportations coloniales vers la métropole malgré l’épuisement des ressources de chasse dans certaines régions. Dans les années 1800, le début des guerres napoléoniennes entraine toutefois des changements d’ordre économique. En effet, l’Empire français impose un blocus continental qui empêche la Grande-Bretagne de s'approvisionner en bois dans les ports de la mer Baltique. En réaction au blocus, la métropole se tourne vers ses colonies d’Amérique du Nord pour continuer de fournir du bois aux chantiers anglais qui assurent la construction de navires.
Pour faire face au blocus continental, la Grande-Bretagne met en place des tarifs préférentiels. Ces tarifs ont pour objectif d’inciter les marchands britanniques à utiliser leurs capitaux pour soutenir le développement de l’exploitation forestière dans les colonies. L’exploitation plus intensive des forêts de la vallée du Saint-Laurent permet au bois de devenir le principal produit d’exportation des colonies vers la métropole. Cette dernière maintient d’ailleurs les tarifs préférentiels après la fin du blocus continental en 1815.
Le développement rapide de l’industrie forestière entraine aussi des changements territoriaux. Dans la première moitié du 19e siècle, de nombreux marchands de bois s’établissent dans la région la plus à l’ouest du Bas-Canada, où ils construisent de nombreuses scieries le long de la rivière des Outaouais. À partir de 1850, l’industrie forestière compte de plus en plus sur les ressources des régions près de la rivière Saint-Maurice et de la rivière Saguenay pour continuer de fournir du bois à la métropole.
Avec la fin du blocus continental en 1815, la Grande-Bretagne souhaite protéger les producteurs agricoles de la métropole en limitant la compétition des autres royaumes européens. Pour ce faire, la Grande-Bretagne renforce les Corn Laws, des lois qui imposent des taxes sur l’importation de produits céréaliers qui proviennent de l’extérieur des frontières de la métropole.
Alors que le blé représentait la plus grande part de la production agricole du Bas-Canada au 18e siècle, cette part diminue au profit de l’avoine et la pomme de terre au début du 19e siècle. Malgré les tarifs préférentiels sur les céréales et la diversification des produits récoltés, la production agricole connait une diminution de son rendement dans les années 1830. La diminution du rendement de l’agriculture incite certains historiens à qualifier la situation de « crise agricole » alors que d’autres historiens soutiennent qu’il n’y a pas eu de crise agricole.
Dans l’ensemble, le Bas-Canada connait une série de récoltes de blé difficiles durant les années 1830, mais cela varie d’une région à l’autre. Dans certains cas, la population locale rédige des pétitions pour demander aux autorités coloniales de leur envoyer des vivres afin d'assurer leur subsistance et d’éviter une famine. En plus des mauvaises récoltes, la croissance démographique rapide dans certaines parties de la colonie conduit de nombreux Canadiens à quitter des terres densément peuplées.
Les colons qui quittent leurs terres peuvent migrer à l’intérieur de la colonie du Bas-Canada. Ceux-ci s’établissent notamment dans des régions où s'intensifie la colonisation comme celle de l’Outaouais, de Lanaudière, de la Mauricie, du Saguenay et des Cantons de l’Est. Depuis 1792, les autorités coloniales utilisent le système des cantons pour diviser le territoire dans ces régions et pour encadrer la possession des terres. Pour devenir propriétaires d’un lot dans un canton, les colons doivent ouvrir une route, défricher des terres pour l'agriculture, se construire une habitation et ensuite faire tous les paiements leur permettant de finaliser l’achat du lot. Les colons qui n’ont pas accès à la propriété optent parfois pour un travail rémunéré à la journée dans les campagnes ou les villes.
De nombreux colons décident plutôt de quitter les colonies britanniques d’Amérique du Nord pour émigrer aux États-Unis. Entre 1820 et 1830, environ 2 000 Canadiens émigrent vers les États-Unis chaque année. Dans la deuxième moitié du 19e siècle, ce mouvement migratoire conduira plus de 300 000 personnes à quitter la vallée du Saint-Laurent pour rejoindre leur famille ou pour bénéficier des emplois créés par le développement de l’industrie américaine.