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Récitus Histoire
Récitus Histoire

1896 - 1945

La Grande dépression des années 1930
Grande dépression et Seconde Guerre mondiale

1. La Grande dépression des années 1930

Texte et image : spéculation

Source : Arthur George Racey, L'ascension (vers 1932), Musée McCord, M2005.23.39. Licence : domaine public

Texte et image : spéculation

Les années 1920 - aussi appelés les « années folles » - se caractérisent par une période de prospérité économique découlant de l’essor du capitalisme industriel. Les entreprises augmentent leur production, ce qui crée une diminution du taux de chômage. L’accès au crédit est plus facile, ce qui favorise l’acquisition de biens de consommation. Le niveau de vie de la population canadienne augmente. De plus en plus de gens investissent en bourse en achetant des actions. Encouragés par la force de l’économie, plusieurs investisseurs n’hésitent pas à faire de la spéculation boursière. À la fin des années 1920, la surproduction de biens et la spéculation financière entrainent l’économie mondiale dans une chute sans précédent.

Image krach

Source : Auteur inconnu, « La panique dans toutes les Bourses d’Amérique », Le Devoir, 24 octobre 1929, p. 3, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0005226335. Licence : image utilisée avec la permission du Devoir, tous droits réservés.

Image krach

Image et texte : Au début des années 1930,

Source : Frank Randall Clarke, Chômeurs se faisant couper les cheveux, Montréal, QC (vers 1935), Musée McCord, MP-1988.55.5.39. Licence : domaine public

Image et texte : Au début des années 1930,

Au début des années 1930, la Grande dépression s'amorce dans les pays industrialisés, plongeant des millions de personnes dans la pauvreté à travers le monde. Afin d’atténuer les effets de cette crise économique au Canada, les différents paliers de gouvernements mettent en place des mesures pour soutenir la population et relancer la production industrielle. La Grande dépression mène également à une remise en question plus générale du capitalisme en tant que système économique puisqu’il s’accompagne invariablement d’inégalités et de périodes de crise.

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Intention 1.1

Déterminer les causes de la crise économique des années 1930.

1.1 LE DÉCLENCHEMENT DE LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SES CAUSES

Source : Auteur inconnu, Chaine de production, brasserie Dawes, Lachine, QC (vers 1920), Musée McCord, MP-0000.587.94. Licence : domaine public.

1.1 LE DÉCLENCHEMENT DE LA CRISE ÉCONOMIQUE ET SES CAUSES

Au cours des années 1920, la production industrielle américaine monte en flèche et augmente de 50 %. Cette croissance élevée fait en sorte que la quantité de biens produits en vient à dépasser les besoins et la capacité d’achat de la population. Vers la fin de la décennie, la surproduction est telle que les industries sont incapables de vendre une part importante de ce qu'elles fabriquent. Ceci fait diminuer les prix ainsi que la valeur des entreprises à la bourse.

Genially et texte : Après des années de croissance

Après des années de croissance économique ininterrompue, le cours de la bourse de New York s’effondre brutalement le 24 octobre 1929. Dans les jours qui suivent, le krach boursier entraine la chute du prix des actions et la faillite de nombreuses entreprises. La plupart des investisseurs craignent de perdre l’argent qu’ils ont investi et décident de vendre leurs actions, ce qui entraine un ralentissement économique allant bien au-delà des marchés boursiers.

Texte et Genially : Les États-Unis

Les États-Unis et la plupart des pays capitalistes sont ensuite plongés dans une profonde dépression économique dont les effets se font sentir sur les populations jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Intention 1.2

Déterminer les conséquences de la crise économique des années 1930.

1.2 LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE ÉCONOMIQUE

Image et texte : Les fermetures d’entreprises

Source : Auteur inconnu, Toronto, vue de la salle des marchés, bourse de Toronto (entre 1939 et 1951), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 4315539. Licence : domaine public.

Image et texte : Les fermetures d’entreprises

Les fermetures d’entreprises aux États-Unis ont rapidement des effets au Canada. La situation observée à New York suscite rapidement des craintes du côté des bourses de Toronto et de Montréal. Sur ces marchés boursiers, les investisseurs s’empressent de vendre leurs actions avant que leur valeur ne diminue, ce qui marque le début de la crise économique au Canada et au Québec.

Au Canada, les échanges commerciaux internationaux ralentissent, ce qui engendre une diminution des exportations de plusieurs produits, dont le blé et les pâtes et papiers. Au Québec, les secteurs les plus durement touchés sont ceux de la forêt et des mines. De plus, la valeur de la production manufacturière chute de 45 % entre 1929 et 1933.

Texte et graphique : La principale conséquence

Taux de chômage au Canada et aux États-Unis (1929-1939)

Au Canada, le taux de chômage dépasse 25 % en 1933.

 

Source des données : Claude Larivière, Crise économique et contrôle social (1929-1937) : le cas de Montréal, Montréal, Éd. coopératives A. St-Martin, 1977, p. 11.

Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Texte et graphique : La principale conséquence

La principale conséquence de ce ralentissement économique est l’augmentation fulgurante du nombre de personnes sans emploi. En effet, juste avant le krach, le taux de chômage ne touche que 3,9 % de la population active syndiquée du Québec. À la fin de 1929, le nombre de chômeurs atteint les 14,5 % et monte à près de 30 % en 1931.

Texte et image : Les politiques de

Source : Auteur inconnu, Personnes mangeant dans une soupe populaire (1931), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3623601. Licence : domaine public.

Texte et image : Les politiques de

La situation engendre son lot de misère et les conditions de vie se dégradent. Plusieurs familles sont contraintes de partager un même logement tandis que les soupes populaires et les refuges se multiplient. Initialement, les gouvernements fédéral et provinciaux n’interviennent pas directement pour diminuer le chômage et ses conséquences. Les politiques de sécurité sociale qui assurent des protections en cas de difficultés n’existent pratiquement pas à l’époque. L’État se contente en général d’accorder des subventions aux organismes de charité qui s’occupent des personnes pauvres.

Intention 1.3

Décrire les idéologies sociopolitiques et les théories économiques qui émergent au Canada dans la foulée de la Grande dépression et relever des acteurs qui les ont développées ou défendues.

1.3 LA REMISE EN QUESTION DU CAPITALISME

Dans la société du début du 20siècle influencée par le libéralisme, l’individu est seul responsable de lui-même. S’il n’est plus capable de subvenir à ses propres besoins, il devient alors la responsabilité de sa famille. Toutefois, les problèmes sociaux majeurs créés par la Grande dépression révèlent les limites de cette idéologie. Les cycles économiques qui caractérisent le capitalisme sont de moins en moins perçus comme naturels ou inévitables. Face à ces constats, certaines idéologies sociopolitique comme le communisme, le clérico-nationalisme ou le fascisme ainsi que des théories économiques alternatives comme le keynésianisme gagnent en popularité partout dans le monde occidental.

Le communisme

Texte et image : Pour les communistes,

Source : Auteur inconnu, Membres du Parti communiste du Canada lors d’un défilé du 1er mai en Colombie-Britannique (vers 1930), Vancouver Public Library, 8787. Licence : domaine public.

Texte et image : Pour les communistes,

Pour les communistes, la solution à la Grande dépression et à l’ensemble des inégalités socioéconomiques passe par l’abolition du capitalisme et du libéralisme. Ils souhaitent remplacer ce système par une société sans classe sociale dans laquelle l’économie est gérée par l’État et orientée vers les besoins de la collectivité.

Cette idéologie demeure très marginale au Canada, puisqu’elle est considérée illégale pendant la majorité des années 1930. Au Québec, le communisme trouve peu d’écho chez les Canadiens français puisque l’Église catholique s’oppose avec ferveur à cette idéologie qui fait notamment la promotion de l’athéisme.

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Le clérico-nationalisme

Image et texte : Au Québec, la Grande dépression

Source : B.J. Déry, Religieux devant le Séminaire Diocésain d'Ottawa (vers 1920), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P62,S1,P5. Licence : domaine public.

Image et texte : Au Québec, la Grande dépression

Au Québec, la Grande dépression provoque plutôt un renouveau du clérico-nationalisme. En 1933, des penseurs religieux et laïques regroupés au sein de l’École sociale populaire publient le Programme de restauration sociale où ils proposent un système économique qui n’est ni capitaliste ni communiste.

Ce programme prône la mise en place d’une société dans laquelle les classes sociales coopèrent les unes avec les autres au sein d’organisations désignées en tant que « corporations ». Il propose également une plus grande intervention de l’État dans l’économie afin d’assurer une juste redistribution des richesses. Le système de corporations ne sera jamais implanté au Québec, mais certains politiciens s'inspireront des propositions du Programme de restauration sociale, comme Adélard Godbout avec la nationalisation de l’électricité en 1944.

 

Le fascisme

Source : Auteur inconnu, Rassemblement du Parti national social chrétien dans une salle située au 4040 rue St-Antoine à Montréal (vers 1938), Archives juives canadiennes Alex Dworkin, PC1-3-77J-2. Licence : image utilisée avec la permission des Archives juives canadiennes Alex Dworkin, tous droits réservés.

Le fascisme

Les difficultés économiques causées par la Grande dépression sont un terrain propice à l’émergence d’idéologies extrémistes comme le fascisme, qui est défendu au Québec par le journaliste Adrien Arcand. Il fonde le Parti national social chrétien au niveau provincial en 1934 ainsi que le Parti de l'unité nationale au niveau fédéral en 1935, le tout en s’inspirant de la pensée d’Adolf Hitler.

L’action politique d’Adrien Arcand demeure toutefois très marginale et attire bien peu de sympathisants. Ses idées ne se concrétiseront jamais puisque son mouvement est déclaré illégal en 1940, soit peu de temps après le début de la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle le Canada combat les régimes fascistes en Europe.

 

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Le keynésianisme

L’économiste britannique John Maynard Keynes perçoit lui aussi les failles du capitalisme, mais il ne le remet pas entièrement en question. Il suggère plutôt qu’il est nécessaire que l’État intervienne afin de garantir la relance de l’économie plutôt que de subir les crises qui caractérisent le capitalisme en espérant qu’elles se résoudront par elles-mêmes. À partir des années 1930, cette théorie économique influence les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux. Dans les années 1940, le gouvernement canadien multiplie les politiques visant à assurer la stabilité de l’économie ainsi que l’accès à des programmes de sécurité sociale.

Intention 1.4

Décrire les mesures adoptées par le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et les gouvernements municipaux afin de limiter les effets négatifs de la Grande dépression.

1.4 LES MESURES ADOPTÉES PAR LES GOUVERNEMENTS

Traduction de gauche à droite : Nous voulons être ces citoyens et non de simples passants. / Pour les emplois et le futur.

Source : The Toronto Star, La Dépression, Membres de la Single Men's Unemployed Association se dirigeant vers l'Église unie de la rue Bathurst (vers 1930), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3630097. Licence : domaine public.

1.4 LES MESURES ADOPTÉES PAR LES GOUVERNEMENTS

Dans les mois qui suivent le krach boursier, le gouvernement fédéral dirigé par William Lyon Mackenzie King reste convaincu que la sécurité sociale est la responsabilité des provinces. Ce dernier n’entend d’ailleurs pas intervenir pour aider les chômeurs, une décision qui contribue à sa défaite aux élections fédérales de 1930, remportées par le Parti conservateur de Richard Bedford Bennett.

Ayant fait de la lutte au chômage une de ses principales promesses électorales, Bennett alloue des fonds à divers programmes à partir de 1931. Au Québec, le gouvernement de Louis-Alexandre Taschereau tente de redresser l’économie à la fin de l’année 1930 en adoptant la Loi relative à l’aide aux chômeurs qui permet, en travaillant de concert avec les municipalités, la mise en place de travaux publics ainsi que de secours directs.

Les travaux publics et les camps de travail

Source : Auteur inconnu, Conduite d'eau principale sous l'avenue des Pins - calfeutrage des joints (1931), Archives de la Ville de Montréal, CA M001 VM117-Y-1-P2699. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Les travaux publics et les camps de travail

La mesure privilégiée par les pouvoirs publics afin de venir en aide aux chômeurs est de leur fournir du travail. C’est donc pour cette raison qu’on lance, à partir de 1931, de grands travaux publics financés à parts égales par les trois paliers de gouvernement (fédéral, provincial et les municipalités).

À Montréal, on procède au pavage et à l’élargissement des rues, on construit des équipements importants tels des égouts et des aqueducs, ou encore le jardin botanique. À Québec, on construit le réservoir d’eau potable sous les plaines d’Abraham, le quai de la traverse Québec-Lévis, le Colisée et le Palais Montcalm. À la base militaire de Valcartier près de Québec, le gouvernement fédéral crée un camp de travail dans lequel 1 700 hommes célibataires travaillent à des tâches de foresterie.

Les secours directs

Face au chômage qui s’aggrave au début des années 1930, les gouvernements se voient dans l’obligation d’étendre leur aide en octroyant des secours directs, c'est-à-dire de verser de l’argent directement aux chefs de famille sans emploi.

Les secours directs

Les secours directs versés au Québec entre le 22 octobre 1930 et le 30 juin 1932

Un total de 4 344 834 $ a été déboursés par les gouvernements fédéral, provincial et municipal au Québec entre 1930 et 1932. Ce montant équivaut à plus de 72 millions de dollars aujourd'hui.

 

Source des données : Ivan Vallée, « Rapport de l'administration provinciale des secours », cité dans Auteur inconnu, « Ce qu’ont coûté trois années de chômage », Le Canada, 25 janvier 1933, p. 1, en ligne sur Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000082235.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Les secours directs

Les rations mensuelles allouées pour une famille de cinq personnes par la Commission du chômage, vers 1935

Une famille de cinq personnes recevait 39,48 $ par mois lors des mois d'hiver de l'année 1935. Ce montant équivant à environ 600 $ en 2020.

 

Source des données : Commission du chômage de Montréal, Renseignements à l’usage des chômeurs nécessiteux et des propriétaire, vers 1935, p. 10-11, cité par Denyse Baillargeon, Ménagères au temps de la Crise, Montréal, Les éditions du remue-ménage, 1993, p. 304.

Source du tableau : Service national du RÉCIT, domaine de l'univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Texte et image : la distribution des secours

Source : Corporation Rivière-du-Moulin, 2 dollars (1934), Banque du Canada, 1963.0007.00006.000. Licence : image utilisée avec la permission de la Banque du Canada, tous droits réservés.

Texte et image : la distribution des secours

La distribution des secours directs se fait par les municipalités, mais les trois paliers de gouvernement s’en partagent les couts également. L’aide n’est cependant pas accessible à tous et son montant est calculé en fonction de plusieurs critères, comme le nombre de personnes à charge pour le chef de famille. Limité initialement aux frais de nourriture et de chauffage, le secours direct se bonifie graduellement pour couvrir également une partie du loyer, des achats de vêtements, etc.

La colonisation

Source de l’image : Eugène Gagné, Maison de colon, canton Bédard (1935), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,P2226. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

La colonisation

Afin de permettre aux chômeurs de subvenir à leurs besoins sans dépendre des secours directs, les gouvernements encouragent aussi les familles vivant dans la pauvreté à se tourner vers l’agriculture. En vertu du plan Gordon adopté par le gouvernement fédéral en 1932, les trois paliers de gouvernement financent à parts égales le transport et l’installation de chaque famille désireuse de s’installer sur une terre de colonisation.

Texte et image : La colonisation contribue

Source : Chemin de fer national du Canada, Une famille de colons devant la maison (vers 1930), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P428,S3,SS1,D18,P39. Licence : domaine public.

Texte et image : La colonisation contribue

La colonisation contribue à peupler et développer certaines régions, notamment l’Abitibi, le Témiscamingue, la Gaspésie et le Bas Saint-Laurent. Ceci dit, les conditions de vie qu’elle engendre sont souvent décevantes pour les colons. Ces derniers se trouvent notamment confrontés à des sols difficiles à cultiver. En conséquence, un grand nombre d’entre eux se détournent de l’agriculture, préférant travailler dans les mines ou la foresterie. D’autres encore retournent en ville chercher du travail.

Le « New Deal canadien »

Source : Auteur inconnu, Le très honorable Richard Bennett, premier ministre du Canada de 1930 à 1935 (entre 1930 et 1935), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3623348. Licence : domaine public.

Le « New Deal canadien »

En janvier 1935, Richard Bedford Bennett, le premier ministre du Canada, propose une série de réformes inspirées du programme américain de redressement économique qu’on a appelé le New Deal. Dans le but d’apporter un soutien plus durable à l’économie que ce que permettaient les mesures d’aide ponctuelles comme les secours directs, Bennett suggère entre autres de réglementer plus étroitement les conditions de travail et d’instaurer un régime d’assurance-chômage.

Il ne lui sera cependant pas possible de mettre ces idées en application puisque son parti est battu aux élections à l’automne 1935 par le Parti libéral de William Lyon Mackenzie King. De plus, la majorité des propositions de Bennett sont inapplicables parce qu’elles empiètent sur les champs de compétence des provinces. Durant ses derniers mois au pouvoir, il parvient malgré tout à créer la Banque du Canada qui permettra de réglementer la monnaie et le crédit.

À partir des années 1940, la théorie économique du keynésianisme exerce une influence croissante sur le gouvernement fédéral, ce qui mène à l’application de diverses réformes s’inspirant de celles formulées par Bennett.