Aller au contenu principal
Récitus Histoire
Récitus Histoire

1945 - 1980

Duplessis, un conservateur
Période duplessiste

4. Duplessis, un conservateur

Image et texte : Dès son arrivée au pouvoir en 1936

Source : Neuville Bazin, L'Honorable Maurice Duplessis remettant une généreuse souscription de la province au Président de l'Association canadienne des éducateurs de langue française. Cabinet de l'Honorable Maurice Duplessis (1949), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,P71549. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Image et texte : Dès son arrivée au pouvoir en 1936

Dès son arrivée au pouvoir en 1936, Maurice Duplessis fait installer un crucifix à l’Assemblée législative. Le conservatisme qui se dégage de ce geste symbolique se perpétue à travers les politiques sociales du gouvernement de l’Union nationale, et ce, jusqu’à la mort de Duplessis en 1959. Durant les années 1950, le conservatisme qui imprègne la société québécoise est toutefois contesté par des artistes, des intellectuels et même quelques religieux. À partir de 1960, l’expression « grande noirceur » se répand pour qualifier la période duplessiste, une interprétation remise en question par certains historiens.

Intention 4.1

Comprendre ce que sont le conservatisme social et le cléricalisme du gouvernement de Duplessis et identifier les valeurs qui leur sont liées.

4.1 LE CONSERVATISME SOCIAL ET LE CLÉRICALISME

Source : Auteur inconnu, L’Honorable Maurice Duplessis prononçant un discours durant une campagne électorale (1952), en ligne sur Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3215193. Licence : domaine public.

4.1 LE CONSERVATISME SOCIAL ET LE CLÉRICALISME

Le conservatisme qui imprègne la société québécoise durant la période duplessiste prend forme à travers la défense des valeurs traditionnelles et le maintien de l’ordre établi au plan politique, économique et social.

D’une part, les autorités politiques et le clergé valorisent la religion, la famille patriarcale et le mode de vie rural, des valeurs qu’ils jugent indispensables au fonctionnement de la société. La défense de ces valeurs passe notamment par la critique du mode de vie urbain et de ses divertissements, ce qui mène entre autres à la censure de milliers de films qui vont à l’encontre de la morale religieuse.

Duplessis et le conservatisme

D'autre part, le gouvernement de Duplessis entretient l’ordre établi en s’opposant aux groupes qui revendiquent des changements politiques, économiques et sociaux. Dans le domaine du travail, le gouvernement de Duplessis freine ainsi l’expansion du syndicalisme et la montée du communisme en s’appuyant sur la « loi du cadenas ». Ces politiques conservatrices favorisent le patronat dans les conflits de travail de et elles assurent la mainmise des entreprises privées sur l’économie québécoise.

Discours de Maurice Duplessis sur les valeurs traditionnelles
Source : Maurice Duplessis, 16 juillet 1952, Société Radio-Canada, 04:51-05:38. Licence : enregistrement utilisé avec la permission de la Société Radio-Canada, tous droits réservés.

Image et texte : Le conservatisme teinte aussi les domaines

Source : Jacques Desjardins, Inauguration de l’École centrale d'arts et métiers [On y voit notamment Maurice Duplessis ainsi que Mgr Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal] (1947), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,D42142-42149. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Image et texte : Le conservatisme teinte aussi les domaines

Le conservatisme teinte aussi les domaines de la santé et de l’éducation puisque le gouvernement de Duplessis s’appuie sur l'Église catholique pour l’aider dans la gestion de ces domaines. Pour ce faire, Maurice Duplessis adhère au cléricalisme, c’est-à-dire qu’il privilégie le maintien des institutions confessionnelles privées du clergé catholique plutôt que la création d’établissements publics laïques. Les religieux conservent ainsi leur liberté d’action au sein des hôpitaux et leur emprise sur les écoles, qui continuent de promouvoir les idées du catholicisme.

Texte et image : Après la Seconde Guerre mondiale

Source : Conrad Poirier, L'institutrice Mademoiselle Bennett enseigne l'anglais à ses élèves à l'école Boys' Farm and Training School à Shawbridge (1947), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P48,S1,P15227. Licence : domaine public.

Texte et image : Après la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale, la croissance démographique multiplie toutefois les besoins de la population québécoise en matière d’éducation, de santé et de services sociaux. Dans les années 1950, les religieux qui œuvrent au sein des écoles, des hôpitaux et des organismes charitables ont ainsi plus de difficulté à combler ces besoins grandissants. Puisque l’Église catholique peine à recruter suffisamment de personnel pour assumer l’ensemble de ses responsabilités sociales, certains évêques sollicitent la contribution du gouvernement provincial.

Graphique et texte : Par conséquent, l’État québécois fournit davantage

Les principales dépenses du gouvernement québécois, 1946-1960

Les dépenses (en millions de $) augmentent considérablement. Elles passent de moins de 20 millions à près de 120 millions de dollars par catégories de budget (Éducation, Santé, Services sociaux, Voirie).

 

Source des données : Fernand Harvey, « Le gouvernement Duplessis, l’éducation et la culture, 1944-1959 », Les Cahiers des dix, no. 68, 2014, p. 176.

Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Graphique et texte : Par conséquent, l’État québécois fournit davantage

Par conséquent, l’État québécois fournit davantage d’effectifs laïques pour remplir les fonctions que les religieux ne peuvent plus assumer au sein des institutions catholiques. Jusqu’à la fin de son dernier mandat, Maurice Duplessis souhaite entretenir le cléricalisme, mais l’attribution de fonctionnaires et de fonds publics aux institutions catholiques ouvre graduellement la voie à leur prise en charge par l’État québécois.

Vérifie tes connaissances

Intention 4.2

Relever les paroles et les points de vue des acteurs qui ont remis en question le conservatisme social et les politiques de Duplessis.

4.2 LA CONTESTATION DU GOUVERNEMENT DE MAURICE DUPLESSIS

Source : Auteur inconnu, Paul-Émile Borduas,1905-1960 (vers 1945), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P833,S1,D122. Licence : domaine public.

4.2 LA CONTESTATION DU GOUVERNEMENT DE MAURICE DUPLESSIS

L’empreinte du conservatisme social et la portée du cléricalisme incitent des artistes, des intellectuels ainsi qu’une poignée de religieux à contester le gouvernement de Maurice Duplessis. Dès 1948, un regroupement d’artistes publie un manifeste intitulé Refus global qui comporte des essais, des pièces de théâtres, des illustrations et des photographies. L’essai principal, rédigé par Paul-Émile Borduas et cosigné par 15 artistes, rejette les valeurs traditionnelles qui perpétuent le conservatisme social et dénonce l’emprise de la religion catholique sur la société québécoise.

Texte et image : Dans la revue Cité libre, cofondée en 1950

De gauche à droite : Jean Marchand, Pierre Elliott Trudeau et Gérard Pelletier.

Source de l'image : Duncan Cameron, Dîner d’affaires au 24 Sussex (sans date), Bibliothèque et Archives Canada, Fonds Duncan Cameron, MIKAN 3365729. Licence : image utilisée avec la permission de Bibliothèque et Archives Canada, tous droits réservés.

Texte et image : Dans la revue Cité libre, cofondée en 1950

Dans la revue Cité libre, cofondée en 1950 par Pierre Elliott Trudeau et Gérard Pelletier, des intellectuels laïques critiquent les politiques sociales conservatrices de l’Union nationale et remettent en question l’influence des clercs sur les affaires publiques. En s’appuyant sur leur formation universitaire, les auteurs de Cité libre abordent des sujets comme la séparation de l’Église et de l’État, la réforme des institutions démocratiques ainsi que la protection des droits et libertés de la personne.

Après la Seconde Guerre mondiale, de plus en plus de religieux rompent avec les idées conservatrices de Maurice Duplessis et s’opposent aux politiques de son gouvernement à l’égard des travailleurs. Par exemple, le prêtre Georges-Henri Lévesque revendique la laïcisation du système scolaire et il condamne la répression du syndicalisme par le gouvernement de l’Union nationale. Fondateur de l’École des sciences sociales de l’Université Laval, George-Henri Lévesque forme une génération d’étudiants qui joindront les rangs de la fonction publique et des syndicats durant les années 1960.

La période duplessiste, une époque de « grande noirceur »?

Lorsque Maurice Duplessis meurt en 1959, les contestataires de son gouvernement s’empressent de qualifier les années d’après-guerre comme une période de « grande noirceur ». Pour ces contestataires, la mort de Duplessis représente une occasion de véhiculer leurs points de vue sur le rapport entre l’Église et l’État, le rôle du gouvernement québécois dans l’économie de la province, voire même le statut politique du Québec au sein du Canada.

Au début des années 1960, de nombreux politiciens et journalistes emploient ainsi l’expression « grande noirceur » pour dépeindre un portrait sombre de la période duplessiste et pour se distancier de valeurs qu’ils jugent traditionnelles.

L'expression « grande noirceur »

Même si l’expression « grande noirceur » marque la mémoire collective, la démarche historienne permet de montrer que cette expression reflète d’abord les opinions des contemporains de Duplessis et qu’elle mérite d’être nuancée. En s’inspirant de cette démarche, ton projet technologique te permettra de prendre du recul sur les opinions des acteurs de l’époque. Pour ce faire, tu établiras un portrait des aspects politiques, économiques et sociaux de la période duplessiste, puis tu analyseras la contestation d’un de ces aspects afin de distinguer les perspectives des acteurs sur cet aspect.