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Récitus Histoire
Récitus Histoire

1896 - 1945

L’immigration au Canada
Politique intérieure et immigration

2. L’immigration au Canada

Intention

Caractériser les politiques migratoires fédérales et le processus d’accueil des immigrants au 20e siècle.

Texte et image : La politique intérieure

Source : Auteur inconnu, Groupe d'hommes et de femmes avec des valises (début du 20e siècle), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P60,S1,D1,P112. Licence : domaine public.

Texte et image : La politique intérieure

La politique intérieure du gouvernement fédéral cherche à soutenir le développement économique du Canada, qui demeure dépendant de la colonisation de l’Ouest et de l'industrialisation. En vue de répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les milieux ruraux et urbains, le gouvernement canadien intensifie donc le recrutement des immigrants, ce qui ne l’empêche pas de maintenir des mesures discriminatoires quant à leur provenance, leur statut économique et leur état de santé.

Graphique et texte : Entre 1896 et 1945,

L'immigration internationale au Canada, 1885-1914

Entre 1885 et 1913, le nombre d'immigrants qui arrivent annuellement au Canada quadruple. En 1914, le gouvernement fédéral freine l'immigration internationale en raison de la guerre.

 

Source des données : Statistique Canada, « 150 ans d’immigration au Canada », en ligne sur 150.statcan.gc.ca, page publiée le 29 juin 2016, dernière mise à jour le 17 mai 2018.

Source du graphique : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Graphique et texte : Entre 1896 et 1945,

Entre 1896 et 1945, trois millions d'immigrants s'installent donc au Canada dans la foulée des tensions politiques en Europe et des guerres mondiales, en quête d’une vie meilleure que fait miroiter le gouvernement canadien. Dans les provinces, l’immigration contribue fortement à l’augmentation de la population, ce qui engendre son lot de défis en lien avec l’intégration d’individus aux origines ethniques variées.

Intention 2.1

Décrire la politique de recrutement du gouvernement fédéral et déterminer ses conséquences sur la composition de la population canadienne au début du 20e siècle.

2.1. L’INTENSIFICATION ET LA DIVERSIFICATION DE L’IMMIGRATION

Source : Auteur inconnu, Doukhobors de la colonie de Thunder Hill au Manitoba déplaçant des provisions de Yorkton en Saskatchewan vers leurs villages (1899), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3367637. Licence : domaine public.

2.1. L’INTENSIFICATION ET LA DIVERSIFICATION DE L’IMMIGRATION

Comme les conservateurs de John A. Macdonald, le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier cherche à intensifier l’immigration en vue d’assurer la croissance démographique et le développement économique du Canada. Dès 1896, Laurier demande à Clifford Sifton, ministre responsable de l’immigration, de mettre sur pied une politique de recrutement afin de stimuler le peuplement des Prairies. Soutenue par une vaste campagne publicitaire, cette politique vise à recruter des personnes au sein de trois grands bassins d’immigration : les États-Unis, les iles britanniques et l’Europe.

Genially et texte : Mandat de Laurier

Jusqu’à la fin du mandat de Laurier, la politique de recrutement entraine une augmentation rapide du nombre annuel d’immigrants, qui passe de 16 800 à 331 300 entre 1896 et 1911. Les nouveaux arrivants s’installent dans les grandes villes canadiennes pour trouver du travail dans les usines ou ils optent pour la colonisation de terres agricoles dans l’Ouest. Avec l’arrivée de personnes venues des pays du sud et de l’est de l’Europe, les origines ethniques des immigrants se diversifient, modifiant la composition d’une population canadienne qui devient de plus en plus cosmopolite.

Intention 2.2

Décrire les politiques d’immigration du gouvernement fédéral et les structures d’accueil des immigrants dans la société canadienne au début du 20e siècle.

2.2 LES IMMIGRANTS ET L’ÉTAT CANADIEN

Source : William James Topley, Groupe d’immigrants de diverses origines (vers 1911), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3193343. Licence : domaine public.

2.2 LES IMMIGRANTS ET L’ÉTAT CANADIEN

L’essor de l’immigration s’accompagne de politiques gouvernementales discriminatoires, dont certaines sont fondées sur l’idéologie raciste. Autrement dit, l’État canadien tente de contrôler les flux migratoires en déterminant la provenance des immigrants selon leurs origines ethniques. Dès leur entrée au pays, le gouvernement fédéral recense et surveille les nouveaux arrivants, sans pour autant les aider à trouver un logement ou un emploi.

 

 

Le contrôle de l’immigration

Source : Ministère de l’Intérieur du Canada, Certificat d’immigration de Lee Shing Dok (1913), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 161424. Licence : image utilisée avec la permission du Gouvernement du Canada, tous droits réservés.

Le contrôle de l’immigration

À la fin du 19e siècle, le gouvernement fédéral établit des conditions financières qui limitent l’entrée des immigrants chinois au Canada. En effet, le gouvernement fédéral leur impose une taxe d’entrée de 50 dollars en 1885, augmentée à 500 dollars en 1903, ce qui représente une somme importante pour l’époque. Les Chinois, nombreux à être entrés sur le territoire pour travailler à la construction du réseau ferroviaire, sont initialement le seul groupe ethnique ciblé par des restrictions.

Au début du 20e siècle,

Source : C. P. Meredith, Travailleurs chinois dans un camp de débarquement, Petawawa, Ontario (1917), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3402772. Licence : domaine public.

Au début du 20e siècle,

Au début du 20e siècle, de plus en plus de restrictions sont imposées à certaines catégories d’immigrants pour limiter ou empêcher leur entrée au Canada sur la base de leur origine ethnique, de leur statut économique ou de leur condition physique. Par exemple, le gouvernement fédéral adopte une loi pour se donner le pouvoir de refuser l’entrée aux immigrants qu’il juge indésirables et pour faciliter leur déportation. Parmi ces « indésirables », on retrouve les communistes et certaines minorités religieuses et ethniques d’Europe, ainsi que les Asiatiques et les Africains.

Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 freine brutalement l’arrivée des immigrants au Canada. Une certaine reprise s’observe après la guerre, mais la crise économique de 1929 entraîne un ralentissement substantiel de l’immigration. En 1931, afin d’éviter que de nouveaux arrivants sans emploi ne viennent aggraver le chômage, le gouvernement fédéral applique le décret le plus restrictif de l’histoire du Canada en matière d’immigration. Celui-ci sera en vigueur jusqu’en 1947.

L’accueil des immigrants

Source : William James Topley, Immigrants attendant de descendre d’un navire (vers 1911), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3194686. Licence : domaine public.

L’accueil des immigrants

De nombreux immigrants arrivent au Canada par train ou par bateau, dans les gares ou les ports de Vancouver, Toronto, Montréal et Halifax. Dans ces villes, le gouvernement fédéral administre des bureaux qui recensent les nouveaux arrivants et qui les soumettent à un examen médical ou à une quarantaine si nécessaire. Le gouvernement canadien fournit ensuite peu d’aide aux immigrants qui entrent au pays.

Image et texte : Communautés juives

Source : William James Topley, Immigrants juifs d'origine russe (vers 1911), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3816854. Licence : domaine public.

Image et texte : Communautés juives

Dans les groupes déjà établis au Québec, les nouveaux arrivants se tournent vers des membres de leur famille ou de leur communauté pour se trouver un logement et un emploi. Par exemple, les Juifs qui arrivent au pays au début du 20e siècle viennent grossir les rangs des communautés juives bien implantées dans les villes canadiennes depuis au moins la seconde moitié du 19e siècle. Si plusieurs choisissent de demeurer chez un parent ou un ami, d’autres profitent des services offerts par les associations d’aide comme la Jewish Immigrant Aid Services (Services d’assistance aux immigrants juifs), créée à Montréal en 1920 par et pour la communauté juive.

Texte et image : Immigration italienne

Source : Rocco D'Angelo, Des Italiens à Toronto, en Ontario (vers 1915), Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 3629719. Licence : domaine public.

Texte et image : Immigration italienne

Les immigrants ne peuvent pas tous compter sur une communauté déjà établie puisque plusieurs d’entres eux arrivent seuls, dans l’espoir de faire venir leur femme et leurs enfants. Par exemple, au début du 20e siècle, la première vague d’immigration italienne se constitue principalement d’hommes issus de familles paysannes qui cherchent du travail.

 

Vidéo Paul-André Linteau

Cela dit, les immigrants italiens arrivent en grand nombre, ce qui leur permet de former une communauté dotée d’églises, de commerces et de restaurants à l’image de leur culture. En quelques décennies, Montréal assiste ainsi à la création d’un quartier que l’on nomme la Petite-Italie, qui devient un lieu d'accueil et d’intégration pour de nombreuses familles italiennes.

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Intention 2.3

Cerner le contexte de l’émergence de la xénophobie dans la société canadienne au début du 20e siècle.

2.3. LA MONTÉE DE LA XÉNOPHOBIE

L’intégration des nouveaux arrivants ne se fait pas toujours dans l’harmonie. Certains Canadiens sont méfiants à l’égard des immigrants en provenance de l’Europe de l’Est, notamment à cause de leurs différences culturelles et religieuses. De plus, pendant et après la Première Guerre mondiale, un sentiment d’hostilité se développe à l’égard des 500 000 personnes d’origine allemande et austro-hongroise installées au pays. Celles-ci subissent de la discrimination et de la violence puisqu’elles sont perçues comme de potentiels ennemis étant donné que le Canada est en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Selon plusieurs historiens, ces craintes étaient sans fondements puisque les membres de cette communauté ne présentaient pas de menace réelle pour le Canada.

L'antisémitisme au Canada

Propagande antisémite de la campagne « Achat chez nous »

Source : Auteur inconnu, « Il faut, avant tout, résoudre le problème de la juiverie dans la province de Québec », La Croix, 23 février 1924, p. 1, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, notice 0000169427. Licence : statut du droit d’auteur impossible à déterminer, tous droits réservés.

L'antisémitisme au Canada

L’antisémitisme est une autre forme de xénophobie présente au Canada et au Québec au début du 20e siècle en raison de la croissance marquée de l’immigration juive. Cette hostilité se manifeste entre autres par des pratiques discriminatoires, comme le refus de plusieurs employeurs d’embaucher des Juifs. Au Québec, on les empêche également de créer leur propre système d’écoles publiques, les obligeant plutôt à fréquenter les écoles protestantes.

L'antisémitisme s’appuie principalement sur le discours de certaines autorités catholiques et de contestataires laïques qui affirment que les Juifs sont une menace pour la société canadienne-française. C’est dans ce contexte que nait, dans les années 1920, la campagne « Achat chez nous » visant à boycotter les commerçants juifs dans l’espoir de les inciter à quitter la province.