Intention
Caractériser les politiques migratoires fédérales et le processus d’accueil des immigrants au 20e siècle.
1896 - 1945
Caractériser les politiques migratoires fédérales et le processus d’accueil des immigrants au 20e siècle.
La politique intérieure du gouvernement fédéral cherche à soutenir le développement économique du Canada, qui demeure dépendant de la colonisation de l’Ouest et de l'industrialisation. En vue de répondre aux besoins de main-d’œuvre dans les milieux ruraux et urbains, le gouvernement canadien intensifie donc le recrutement des immigrants, ce qui ne l’empêche pas de maintenir des mesures discriminatoires quant à leur provenance, leur statut économique et leur état de santé.
Entre 1896 et 1945, trois millions d'immigrants s'installent donc au Canada dans la foulée des tensions politiques en Europe et des guerres mondiales, en quête d’une vie meilleure que fait miroiter le gouvernement canadien. Dans les provinces, l’immigration contribue fortement à l’augmentation de la population, ce qui engendre son lot de défis en lien avec l’intégration d’individus aux origines ethniques variées.
Décrire la politique de recrutement du gouvernement fédéral et déterminer ses conséquences sur la composition de la population canadienne au début du 20e siècle.
Comme les conservateurs de John A. Macdonald, le gouvernement libéral de Wilfrid Laurier cherche à intensifier l’immigration en vue d’assurer la croissance démographique et le développement économique du Canada. Dès 1896, Laurier demande à Clifford Sifton, ministre responsable de l’immigration, de mettre sur pied une politique de recrutement afin de stimuler le peuplement des Prairies. Soutenue par une vaste campagne publicitaire, cette politique vise à recruter des personnes au sein de trois grands bassins d’immigration : les États-Unis, les iles britanniques et l’Europe.
Décrire les politiques d’immigration du gouvernement fédéral et les structures d’accueil des immigrants dans la société canadienne au début du 20e siècle.
L’essor de l’immigration s’accompagne de politiques gouvernementales discriminatoires, dont certaines sont fondées sur l’idéologie raciste. Autrement dit, l’État canadien tente de contrôler les flux migratoires en déterminant la provenance des immigrants selon leurs origines ethniques. Dès leur entrée au pays, le gouvernement fédéral recense et surveille les nouveaux arrivants, sans pour autant les aider à trouver un logement ou un emploi.
À la fin du 19e siècle, le gouvernement fédéral établit des conditions financières qui limitent l’entrée des immigrants chinois au Canada. En effet, le gouvernement fédéral leur impose une taxe d’entrée de 50 dollars en 1885, augmentée à 500 dollars en 1903, ce qui représente une somme importante pour l’époque. Les Chinois, nombreux à être entrés sur le territoire pour travailler à la construction du réseau ferroviaire, sont initialement le seul groupe ethnique ciblé par des restrictions.
Au début du 20e siècle, de plus en plus de restrictions sont imposées à certaines catégories d’immigrants pour limiter ou empêcher leur entrée au Canada sur la base de leur origine ethnique, de leur statut économique ou de leur condition physique. Par exemple, le gouvernement fédéral adopte une loi pour se donner le pouvoir de refuser l’entrée aux immigrants qu’il juge indésirables et pour faciliter leur déportation. Parmi ces « indésirables », on retrouve les communistes et certaines minorités religieuses et ethniques d’Europe, ainsi que les Asiatiques et les Africains.
Le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914 freine brutalement l’arrivée des immigrants au Canada. Une certaine reprise s’observe après la guerre, mais la crise économique de 1929 entraîne un ralentissement substantiel de l’immigration. En 1931, afin d’éviter que de nouveaux arrivants sans emploi ne viennent aggraver le chômage, le gouvernement fédéral applique le décret le plus restrictif de l’histoire du Canada en matière d’immigration. Celui-ci sera en vigueur jusqu’en 1947.
De nombreux immigrants arrivent au Canada par train ou par bateau, dans les gares ou les ports de Vancouver, Toronto, Montréal et Halifax. Dans ces villes, le gouvernement fédéral administre des bureaux qui recensent les nouveaux arrivants et qui les soumettent à un examen médical ou à une quarantaine si nécessaire. Le gouvernement canadien fournit ensuite peu d’aide aux immigrants qui entrent au pays.
Dans les groupes déjà établis au Québec, les nouveaux arrivants se tournent vers des membres de leur famille ou de leur communauté pour se trouver un logement et un emploi. Par exemple, les Juifs qui arrivent au pays au début du 20e siècle viennent grossir les rangs des communautés juives bien implantées dans les villes canadiennes depuis au moins la seconde moitié du 19e siècle. Si plusieurs choisissent de demeurer chez un parent ou un ami, d’autres profitent des services offerts par les associations d’aide comme la Jewish Immigrant Aid Services (Services d’assistance aux immigrants juifs), créée à Montréal en 1920 par et pour la communauté juive.
Les immigrants ne peuvent pas tous compter sur une communauté déjà établie puisque plusieurs d’entres eux arrivent seuls, dans l’espoir de faire venir leur femme et leurs enfants. Par exemple, au début du 20e siècle, la première vague d’immigration italienne se constitue principalement d’hommes issus de familles paysannes qui cherchent du travail.
Cerner le contexte de l’émergence de la xénophobie dans la société canadienne au début du 20e siècle.
L’intégration des nouveaux arrivants ne se fait pas toujours dans l’harmonie. Certains Canadiens sont méfiants à l’égard des immigrants en provenance de l’Europe de l’Est, notamment à cause de leurs différences culturelles et religieuses. De plus, pendant et après la Première Guerre mondiale, un sentiment d’hostilité se développe à l’égard des 500 000 personnes d’origine allemande et austro-hongroise installées au pays. Celles-ci subissent de la discrimination et de la violence puisqu’elles sont perçues comme de potentiels ennemis étant donné que le Canada est en guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Selon plusieurs historiens, ces craintes étaient sans fondements puisque les membres de cette communauté ne présentaient pas de menace réelle pour le Canada.
L’antisémitisme est une autre forme de xénophobie présente au Canada et au Québec au début du 20e siècle en raison de la croissance marquée de l’immigration juive. Cette hostilité se manifeste entre autres par des pratiques discriminatoires, comme le refus de plusieurs employeurs d’embaucher des Juifs. Au Québec, on les empêche également de créer leur propre système d’écoles publiques, les obligeant plutôt à fréquenter les écoles protestantes.
L'antisémitisme s’appuie principalement sur le discours de certaines autorités catholiques et de contestataires laïques qui affirment que les Juifs sont une menace pour la société canadienne-française. C’est dans ce contexte que nait, dans les années 1920, la campagne « Achat chez nous » visant à boycotter les commerçants juifs dans l’espoir de les inciter à quitter la province.