Objectifs
Comprendre la hausse de l’accroissement naturel et l’évolution de la natalité au Québec entre 1945 et 1980.
1945 - 1980
Comprendre la hausse de l’accroissement naturel et l’évolution de la natalité au Québec entre 1945 et 1980.
Après la Seconde Guerre mondiale, le retour des soldats au pays et la prospérité économique en Amérique du Nord encouragent les couples à se marier et à fonder une famille. L’effervescence de la vie conjugale engendre une hausse de l’accroissement naturel, c’est-à-dire qu’il y a de plus en plus de naissances par rapport au nombre de décès.
Au Canada, la hausse de l’accroissement naturel découle principalement de l’augmentation du nombre de naissances, mais aussi d’une diminution de la mortalité infantile et d’une augmentation de l’espérance de vie. Le déclin des maladies infectieuses, le perfectionnement des pratiques médicales et la démocratisation de l’accès aux soins de santé participent à la consolidation de ces tendances démographiques.
La hausse de l’accroissement naturel s’accompagne d’une forte natalité. Au Québec, le taux de natalité dépasse 30 naissances pour 1 000 personnes durant les dix années qui suivent la fin du conflit mondial. Une natalité élevée perdure jusqu’au début des années 1960, ce qui conduit les démographes à qualifier le phénomène de « bébé-boum », une expression utilisée pour désigner la génération de personnes nées entre 1946 et 1965. Plusieurs facteurs expliquent le bébé-boum : les hommes et les femmes se marient davantage, se marient plus jeunes et donnent naissance à leur premier enfant plus rapidement.
La génération d’enfants issue du bébé-boum contribue au rajeunissement de la population québécoise, accélérant ainsi l’évolution des mœurs au sein de cette population. Dans l’ensemble, le bébé-boum correspond à un rattrapage démographique par rapport à la période antérieure, perturbée par deux conflits militaires mondiaux et une crise économique de grande envergure.
Jusqu’à la fin des années 1960, une natalité très élevée caractérise le profil démographique des populations autochtones. En effet, la natalité oscille entre 40 et 50 naissances pour 1 000 personnes au sein de cette population, alors qu’elle oscille autour de 30 naissances pour 1 000 personnes au sein de la population canadienne.
Cette très forte natalité stimule la croissance des populations autochtones, ce qui freine le déclin de cette population et qui renverse ainsi une tendance démographique tirant son origine de la période coloniale. Malgré ce changement, une mortalité infantile élevée continue de toucher les populations autochtones entre 1945 et 1980.
Dès la fin des années 1950, une forte diminution de la natalité touche le Québec. On parle alors de dénatalité. Contrairement au bébé-boum, le nombre annuel de naissances diminue par rapport à la taille de la population québécoise. Entre 1960 et 1980, le taux de natalité chute presque de moitié, ce qui fait passer le nombre de naissances pour 1 000 personnes de 27,5 à 15.
La croissance démographique ralentit notamment en raison d’un changement profond dans les mentalités. En effet, les Québécois pratiquent de moins en moins le catholicisme et le clergé perd grandement de son influence sur la reproduction des familles. L’Église catholique continue d’encourager les couples à se marier et à procréer, mais les Québécois se montrent beaucoup moins réceptifs aux valeurs catholiques et aux pratiques religieuses.
De plus en plus répandus, les unions civiles et les divorces témoignent du déclin de l’influence morale de l’Église sur la population québécoise. Alors que le clergé avait célébré la quasi totalité des mariages depuis la période coloniale, les unions civiles décuplent entre 1969 et 1980. En 1968, le gouvernement fédéral adopte une loi qui facilite la dissolution du mariage, ce qui fait quadrupler le nombre de divorces au cours de cette même période.
La chute de la natalité dépend principalement de la mise en marché de la pilule contraceptive, qui donne aux femmes un véritable contrôle sur leur système reproducteur. Le contrôle des naissances représente un changement majeur pour les femmes, même si la prescription de la pilule contraceptive demeure interdite jusqu’à la fin des années 1960. Malgré cette interdiction, les femmes évoquent divers problèmes gynécologiques pour se procurer la pilule contraceptive auprès des médecins. Cette stratégie ne fonctionne pas toujours puisque plusieurs médecins ne prescrivent pas les anovulants en raison de leurs valeurs religieuses. En 1969, le gouvernement fédéral autorise finalement la prescription des anovulants. Dès lors, l’usage croissant de la pilule contraceptive accentue la dénatalité et contribue à la hausse du nombre de Québécoises sur le marché du travail.