Consignes
Expliquer comment la mécanisation amenée par l'industrialisation transforme l’exploitation forestière.
1840 - 1896
Expliquer comment la mécanisation amenée par l'industrialisation transforme l’exploitation forestière.
Au 19e siècle, l’exploitation des ressources forestières devient un pilier fondamental de l’économie canadienne. Elle remplace alors le commerce des fourrures, une ressource qui avait été le moteur de l’économie coloniale depuis la Nouvelle-France. Pour soutenir l’expansion de l’industrie forestière, le gouvernement québécois concède de plus en plus de terres publiques aux entreprises privées, qui peuvent y exploiter les forêts en échange d’un montant d’argent. Jusqu’à la fin du 19e siècle, la province de Québec tire d’ailleurs entre 25 % et 30 % de ses revenus des concessions forestières.
Dans la première moitié du 19e siècle, le Québec produit surtout du bois équarri qui est exporté en très grande quantité vers le Royaume-Uni. Ce tronc d’arbre taillé à angle droit pour lui donner une forme carrée est facile à assembler en radeaux sur les rivières et à transporter sur les navires à destination de l’Europe.
Dans la deuxième moitié du 19e siècle, la production de bois de sciage prend un essor important. Grâce aux nombreuses scieries qui font leur apparition, le bois équarri est transformé en planches et en madriers pour l’industrie de la construction. Ces scieries, installées à proximité des cours d’eau, peuvent utiliser l’énergie hydraulique pour actionner la lame des scies. Le bois de sciage est surtout exporté vers le marché des États-Unis.
La mécanisation de l’exploitation forestière facilite et accélère la production du bois de sciage. En effet, en plus de l’énergie hydraulique, les scieries utilisent également la combustion du charbon pour produire de la vapeur et actionner de nouvelles sortes de scies (circulaires et à ruban). Cela augmente grandement la production des scieries et permet de tirer profit de l’expansion du marché américain.
Dans la seconde moitié du 19e siècle, les scieries se multiplient le long des cours d’eau. En 1851, le Bas-Canada compte un peu plus de 1000 scieries employant environ 3600 personnes. À l’aube du 20e siècle, le nombre de scieries grimpe à plus de 1800, fournissant du travail à plus de 13 000 personnes. Le rôle joué par les cours d’eau dans le transport et dans la transformation du bois oriente l’emprise de l’industrie forestière sur le territoire québécois. En effet, les régions exploitées bordent généralement des cours d’eau comme les rivières Saguenay, Saint-Maurice et des Outaouais. Cela contribue à l’expansion du territoire habité et exploité au-delà de la vallée laurentienne ainsi qu’à l’ouverture de nouvelles régions de colonisation. C’est le cas du Bas-Saint-Laurent, de la Mauricie, du Lac-Saint-Jean, des Laurentides, de l’Outaouais, du Saguenay, du Témiscamingue et de la vallée de la rivière Jacques-Cartier.
Dans les régions de colonisation, l’emprise de l’industrie forestière et l’arrivée massive de bûcherons perturbent les territoires des Premières Nations. D’une part, l’exploitation forestière contribue à la dégradation des milieux de vie du gros gibier, ce qui prive les communautés autochtones des ressources de chasse essentielles à leur alimentation et à la confection de vêtements. De l’autre, les bûcherons chassent fréquemment le petit gibier et déclenchent parfois des incendies forestiers, ce qui entrave la participation des communautés autochtones au commerce des fourrures.
Afin d’obtenir un dédommagement pour le territoire perdu au profit de l’exploitation forestière, les Premières Nations multiplient les demandes pour la création de territoires réservés, appelés réserves. En 1851, le gouvernement de la Province du Canada répond à ces revendications en adoptant une loi qui attribue plus de 900 kilomètres carrés de terres aux Premières Nations. L’octroi de ces terres mène à la création de réserves pour les communautés algonquine, atikamekw, montagnaise, micmaque, huronne-wendat et malécite.