Intention 3
Identifier certaines actions et revendications des Premières Nations dans le contexte du changement d'empire.
1760 - 1791
Identifier certaines actions et revendications des Premières Nations dans le contexte du changement d'empire.
En 1760, les nations autochtones de la Fédération des Sept Feux réalisent que leur allié français se dirige vers une défaite. Par conséquent, ces nations entament des négociations de paix avec le Département des Affaires indiennes, une entité britannique responsable des relations diplomatiques avec les Premières Nations depuis 1755. Au moment de la capitulation de Montréal, la Fédération des Sept Feux et les Britanniques signent le traité d’Oswegatchie. En échange de leur neutralité jusqu’à la fin du conflit, ces nations autochtones obtiennent des garanties en lien avec leurs droits territoriaux et la pratique du catholicisme au sein des villages domiciliés.
Depuis la capitulation de Montréal en 1760, les Britanniques sont en contrôle des différents forts dans la région des Grands Lacs et dans la vallée de l'Ohio. Comme c’était le cas pour les Français, les forts dans ces régions permettent aux Britanniques de défendre leurs intérêts commerciaux et diplomatiques. Cela dit, ces forts occupent une partie restreinte du territoire à l’ouest des Appalaches, qui continue d’être majoritairement occupé par les nations autochtones. L’occupation britannique de ce territoire encourage de nombreux colons des Treize colonies à s'y établir, ce qui préoccupe les nations autochtones qui craignent dès lors d’être délogées de leur territoire.
Pour atténuer les tensions avec les Premières Nations, la Proclamation royale de 1763 reconnait certains droits territoriaux aux Autochtones et elle leur réserve un vaste territoire. Néanmoins, les tensions restent vives entre les Britanniques et les Autochtones, car la couronne britannique se donne le droit de céder aux colons des terres réservées aux Premières Nations. En réponse, les Autochtones exercent des pressions sur les Britanniques pour leur rappeler qu’ils ne peuvent pas céder des terres qui ne leur appartiennent pas.
Extraits d’un document signé par des Innus et transmis au gouverneur par un missionnaire français en 1765
- « [...] bien avant que ceux de l’autre bord [les Européens] soient venus s’emparer de ce pays, nos pères et nous avons toujours habités les terres que nous habitons aujourd'hui, les bords de la mer et la profondeur pour la chasse tant en hiver qu’en été [...] »
- « Nous lui demandons [au roi britannique] [...] qu’il ne permette pas que l’on donne ou vende nos terres a plusieurs particuliers [les colons], [car] nous avons toujours été Nation libre [...]. »
Source : Claude Godefroy Coquart, « Rapport du 17 mars 1765 », dans Denis Delâge et Jean-Pierre Sawaya, Les Traités des Sept-Feux avec les Britanniques, Québec, Septentrion, 2001, p. 109-110.
En plus des tensions au plan territorial, les autorités britanniques ne respectent pas les traditions diplomatiques des Premières Nations. De plus, sous le commandement de Jeffrey Amherst, la couronne britannique interdit la vente d’armes aux communautés autochtones. Cette interdiction rend la pratique de la chasse beaucoup plus difficile et fait planer des risques de famines. Rapidement, une résistance autochtone s’organise dans la région des Grands Lacs et de la vallée de l’Ohio.
Au printemps 1763, plusieurs nations autochtones décident de prendre les armes et d’assiéger des forts anglais. Obwandiyag, le chef d'une nation anishinabeg nommé Pontiac par les Européens, est à la tête de ce mouvement. Fort de son expérience militaire et diplomatique acquise durant la guerre de la Conquête, Pontiac réussit à unir différentes nations autochtones dans la guerre contre les Britanniques. Anciennement allié des Français, Pontiac cherche aussi l'appui des Canadiens qui vivent à proximité. Quelques Canadiens rejoignent les rangs autochtones, mais la grande majorité d’entre eux prennent plutôt un engagement de neutralité, car ils craignent des représailles britanniques.
De 1763 à 1766, Pontiac et ses alliés accumulent les victoires en s’emparant de nombreux forts britanniques et en intensifiant les raids contre les colons des Treize colonies. Cela dit, la révolte de Pontiac s'essouffle parce que le chef n’arrive pas à prendre certains forts clés pour contrôler la région des Grands Lacs et que des épidémies frappent les rangs autochtones. Dans des lettres envoyées à ses officiers, le général Amherst fait d’ailleurs part de sa volonté de distribuer des couvertures infectées par la variole afin de propager cette maladie chez les nations autochtones en guerre. Décimé par la variole, le camp de Pontiac se voit obligé de déposer les armes en 1766.