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Récitus Histoire
Récitus Histoire

1608 - 1760

Le régime seigneurial
Régime seigneurial et population coloniale

1. Le régime seigneurial

Intention

Décrire le régime de peuplement et d’exploitation du territoire sous le régime français et ses caractéristiques rurales et urbaines.

Texte et image : Entre 1608 et 1760

Source : Jean Baptiste Decouagne, Carte du gouvernement de Québec : levée en l'année 1709 (1709) [...], Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 0000590353. Licence : domaine public.

Texte et image : Entre 1608 et 1760

Entre 1608 et 1760, la France compte sur le régime seigneurial pour organiser la distribution des terres aux colons qui s’installent en Nouvelle-France. Ce mode d’occupation du territoire qui provient de la métropole permet également de reproduire les divisions sociales européennes dans la colonie.

1.1 L'ORGANISATION DU TERRITOIRE

Le plan d'une seigneurie en Nouvelle-France

  • Au bas du plan se trouve le fleuve Saint-Laurent.
  • Les rectangles jaunes représentent les censives.
  • Les rectangles verts entourés de pointillés représentent les terres à concéder.
  • La ligne bleu verticale représente un rivière qui se jette dans le fleuve.
  • Le domaine du seigneur, avec son manoir et son quai sur le fleuve, se trouve dans le coin gauche en bas.
  • À droite du domaine du seigneur se trouve le bourg, qui inclut l'église et le moulin. Sous le bourg se trouve la commune.
  • La ligne noire qui divise les deux rangées de censives représente la route du rang.

Source : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

1.1 L'ORGANISATION DU TERRITOIRE

Entre 1608 et 1760, la couronne française considère qu’elle est propriétaire du territoire qu’elle revendique en Amérique du Nord, et ce, malgré la présence des Autochtones qui occupent ce territoire depuis plusieurs millénaires. Pour peupler et exploiter les terres, les autorités coloniales subdivisent le territoire en vastes domaines. Elles attribuent ces domaines, appelés des seigneuries, aux membres de l’élite coloniale qui deviennent donc des seigneurs. À leur tour, les seigneurs doivent diviser leur seigneurie en censives qui seront occupées, défrichées et cultivées par des censitaires.

Texte et image : La métropole instaure

Source : Auteur inconnu, « Louis Hébert semant », dans Abbé Azarie Couillard Després, Louis Hébert, Premier Colon Canadien et sa Famille, Impr. de l'Institution des sourds-muets, 1918, en ligne sur Archives.org. Licence : domaine public.

Texte et image : La métropole instaure

La métropole instaure le régime seigneurial en Nouvelle-France dans les années 1620 en concédant les premières seigneuries, dont celle octroyée à Louis Hébert. Ce seigneur, son épouse Marie Rollet et leurs enfants représentent d’ailleurs la première famille française de la colonie, arrivée en 1617. À partir de 1627, c’est la Compagnie des Cent-Associés qui prend le relais des autorités coloniales et qui commence à concéder des seigneuries dans les villes et les campagnes de la vallée du Saint-Laurent.

Texte et image : En attribuant des seigneuries

Les seigneuries en Nouvelle-France

En haut: avant 1663

En bas: vers 1745

De gauche à droite: Montréal, Rivière Richelieu, Trois-Rivières, Rivière Saint-Maurice, Rivière Chaudière, Québec.

Source des données : Serge Courville, Le Québec, genèse et mutation du territoire, Québec, Presses de l’Université Laval, 2000, p.115.
Source des cartes : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Texte et image : En attribuant des seigneuries

En attribuant des seigneuries, la couronne française cherche à favoriser l’installation de colons et l’agrandissement de l’espace cultivable. Jusqu’à la fin du régime français en 1760, les autorités coloniales concèdent environ 250 seigneuries dans la vallée du Saint-Laurent. Le fleuve et ses affluents permettent de faciliter l’accès à l’eau et d’irriguer les sols pour l’agriculture, ce qui explique pourquoi les censives sont généralement perpendiculaires à ces cours d’eau.

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1.2 L'ORGANISATION SOCIALE

La structure de la société française au 17e siècle

En haut de la pyramide : le roi

Au milieu de la pyramide : le clergé et la noblesse

Au bas de la pyramide : le tiers état (plus de 90% de la population)

Source des personnages : Lilymagine, Personnages de la Nouvelle-France (2022),  Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).
Source du schéma : Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

1.2 L'ORGANISATION SOCIALE

En plus d’être un mode organisation du territoire, le régime seigneurial est un système hiérarchique qui structure les rapports sociaux en France depuis le Moyen Âge. Ce système détermine ainsi les rapports entre les seigneurs et les censitaires en Nouvelle-France. Leurs rapports prennent forment à travers les devoirs et les droits de chacun, qui traduisent des relations inégalitaires et souvent conflictuelles entre les différents groupes sociaux soumis à l’absolutisme de droit divin.

Genially droits et devoirs

Texte et image : diversité sociale des seigneurs

Source : Lilymagine, Seigneurs (2022),  Service national du RÉCIT, domaine de l’univers social. Licence : Creative Commons (BY-NC-SA).

Texte et image : diversité sociale des seigneurs

Conformément au principe de la féodalité hérité Moyen Âge, les seigneurs doivent fidélité au roi. Les seigneurs sont généralement des membres de la noblesse ou du clergé, étant donné que ces classes sociales appartiennent à l’élite de la société française.

  • En Nouvelle-France, la noblesse ne représente qu'environ 2 % de la population de la colonie, mais, au début du 18e siècle, elle détient 1/3 du territoire seigneurial.
  • Le clergé, qui compte pour environ 1 % de la population, possède lui aussi 1/3 de la superficie concédée en seigneurie. Les profits que génèrent ces terres permettent notamment aux communautés religieuses de financer leurs œuvres pour l’éducation, les soins de santé et l’évangélisation.
  • Enfin, 1/3 de l’espace seigneurial appartient à des roturiers, des personnes qui ne font pas partie de la noblesse, mais qui sont issus de la bourgeoisie.
  • Quelques colons issus de la paysannerie sont en mesure d'acquérir une seigneurie en Nouvelle-France et ainsi d’accéder à un statut social plus élevé, ce qui aurait été beaucoup plus difficile en Europe.
  • La couronne française concède la quasi-totalité des seigneuries à des hommes, mais les femmes peuvent devenir des seigneuresses et prendre en charge l’administration de la seigneurie lors du décès de leur mari. Même si cette prise de pouvoir des femmes peut durer quelques années, elle demeure généralement temporaire puisque la seigneurie est généralement reprise par un héritier masculin ou un nouveau mari.
Texte et image : En Nouvelle-France, les seigneurs

Source : James Peachey, Montréal, vue de la montagne (1784), Bibliothèque et Archives Canada, 2898335. Licence : domaine public.

Texte et image : En Nouvelle-France, les seigneurs

En Nouvelle-France, les seigneurs issus du clergé vivent généralement sur leur seigneurie, comme en témoigne la contribution des Sulpiciens au développement de l’ile de Montréal. En ce qui concerne les seigneurs laïcs, seulement 25 % d’entre eux résident sur leur seigneurie. En effet, la plupart de ces seigneurs décident de s’établir dans les villes où ils font notamment carrière dans l’armée, car les revenus en provenance de leur seigneurie ne permettent pas toujours de répondre à leurs besoins. Bien que les seigneurs considèrent souvent ces revenus comme insuffisants, cela ne les empêchent pas d’exercer une pression financière sur les censitaires. Ceux-ci connaissent des conditions de vie difficiles entre autres à cause de leurs dettes envers les seigneurs.

Texte et image : L’organisation sociale

Source : Jacques Lamontagne et Bernard Duchesne, La maison du censitaire. Licence : tous droits réservés.

Texte et image : L’organisation sociale

L’organisation sociale de la Nouvelle-France reproduit celle de la France, mais la vie des censitaires canadiens est tout de même différente de la vie des paysans français. Alors que les campagnes d’Europe sont pleinement occupées, ce qui laisse de plus en plus de paysans sans terres, la paysannerie canadienne dispose de son côté de nombreuses terres à défricher. Cette abondance de terres dans la vallée du Saint-Laurent permet ainsi d’éviter un appauvrissement d’une partie de la paysannerie au fil de l’accroissement de la population. Même si les paysans de la colonie sont affectés par la maladie, la famine et la surmortalité, ils le sont dans une moins grande mesure que les paysans de la métropole qui sont plus exposés aux épidémies et à la dévastation de la guerre.

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