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Récitus Histoire
Récitus Histoire

1945 - 1980

Les contenus du jeu
Culture et langue

2. Les contenus du jeu

Texte : introduction

Dans la foulée de la Révolution tranquille, le néonationalisme suscite une effervescence socioculturelle au sein de la population québécoise. De nombreux artistes francophones utilisent leurs œuvres pour porter le projet national et pour brosser le portrait d’un Québec en voie de modernisation. Malgré la popularité de la chanson francophone et l’émergence du théâtre québécois, la langue anglaise demeure omniprésente à la télévision, dans la musique et au cinéma. L’anglais prédomine également comme langue de travail et comme langue d’affichage commercial, ce qui préoccupe les partisans du néonationalisme. Au cours des années 1960 et 1970, plusieurs politiciens québécois œuvrent donc pour protéger la langue française au Québec, ce qui prend forme avec l’adoption d’une multitude de lois linguistiques.

2.1 L’EFFERVESCENCE SOCIOCULTURELLE

Source : Adrien Hubert, Studio de l'émission de télévision Bon Dimanche diffusée à Télé-Métropole au Musée d'art contemporain (1978), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,D780527-780529. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

2.1 L’EFFERVESCENCE SOCIOCULTURELLE

L’influence de la culture américaine

Après la Seconde Guerre mondiale, le bébé-boum et l’augmentation du pouvoir d’achat contribuent à l’avènement de la société de consommation. En plus de consommer davantage de biens et de services, les Québécois accordent une plus grande part de leur temps et de leurs revenus à la consommation de la culture de masse. Cette culture de masse est souvent produite en France, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, mais de plus en plus de stations de radio et de chaines télévisuelles du Québec produisent et commercialisent leurs propres émissions. Plusieurs artistes québécois puisent leur inspiration dans la culture américaine ou européenne, qu’ils jugent comme plus moderne et plus facile à commercialiser que leur culture traditionnelle.

Texte et image : La chanson d’expression française

Source : Antoine Desilets, Félix Leclerc (entre 1960 et 1970), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P697,S1,SS1,SSS10,D15. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Texte et image : La chanson d’expression française

La chanson d’expression française

Dans les années 1960 et 1970, l’émergence du néonationalisme suscite une effervescence socioculturelle qui se reflète dans les œuvres de plusieurs artistes québécois. Par l’entremise de la chanson, du théâtre, de la littérature et du cinéma, ces artistes dépeignent la société québécoise et ils expriment leur sentiment d’appartenance à cette collectivité. En ce qui concerne la chanson, plusieurs artistes choisissent de s’exprimer en français parce qu’il s’agit de leur langue maternelle et que cette langue représente un aspect fondamental de l’identité québécoise. Dans la foulée du mouvement indépendantiste, cette chanson d’expression française gagne rapidement en popularité puisqu’elle permet d’évoquer plusieurs aspects de la société québécoise.

Texte et image : L’émergence du théâtre québécois

Source : Daniel Kieffer, « Les Belles-Soeurs », à l'étape de la répétition générale, pièce de Michel Tremblay mise en scène d'André Brassard, Théâtre du Rideau Vert à Montréal (20 mai 1971), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P688,S3,D54. Licence : image utilisée avec la permission de l'auteur, tous droits réservés.

Texte et image : L’émergence du théâtre québécois

L’émergence du théâtre québécois

Jusqu’à la fin des années 1950, ce sont principalement des pièces étrangères qui sont mises en scène sur les planches du Québec. L’effervescence culturelle des années 1960 et 1970 favorise toutefois l’émergence d’un théâtre qui aborde les enjeux touchant la société québécoise. Ce théâtre dépeint également la vie des gens des classes populaires en ayant recours au langage qu’ils utilisent au quotidien : le joual. La pièce intitulée Les Belles-sœurs, créée en 1965 par Michel Tremblay, devient rapidement l’œuvre maitresse de l’émergence du théâtre québécois puisqu’elle brosse un portrait des femmes de la classe ouvrière montréalaise et qu’elle emploie le joual pour exprimer les dialogues.

Extrait de la pièce Les Belles-Sœurs

Extrait de la pièce de théâtre Les Belles-Sœurs

« Là, là, j'travaille comme une enragée, jusqu'à midi. J'lave. Les robes, les jupes, les bas, les pantalons, les canneçons, les brassières, tout y passe! Pis frotte, pis tord, pis refrotte, pis rince... C't'écoeurant, j'ai les mains rouges, j't'écoeurée. J'sacre. À midi, les enfants reviennent. Ça mange comme des cochons, ça revire la maison à l'envers, pis ça repart! L'après-midi, j'étends. Ça, c'est mortel! J'hais ça comme une bonne! Après, j'prépare le souper. Le monde reviennent, y'ont l'air bête, on se chicane! Pis le soir, on regarde la télévision! Mardi! »

Source : Michel Tremblay, Les Belles-Soeurs, Montréal, Leméac, 1972, p. 23.

Texte et image : La diversité des manifestations culturelles

Source : Gabor Szilasi, Nicole Brassard, écrivaine, 665 rue Crevier, Montréal (1970), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,D703573-703573. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Texte et image : La diversité des manifestations culturelles

La diversité des manifestations culturelles

Pour exprimer leur créativité, les artistes québécois abordent aussi des enjeux qui les touchent personnellement. Par exemple, l’écrivaine Nicole Brossard imprègne ses oeuvres littéraires et théâtrales d’une perspective féministe et aborde l’homosexualité féminine dès la fin des années 1960. De nombreux auteurs abordent plutôt l’expérience de vie des immigrants pour témoigner de la réalité de leurs communautés respectives. À la fin des années 1970, l’écrivaine An Antane Kapesh publie des ouvrages innus traduits en français qui témoignent des conditions de vie difficiles au sein des communautés autochtones du Québec et des conséquences de la politique d'assimilation du gouvernement fédéral. Alors que le néonationalisme propulse l’effervescence socioculturelle, la diversité des manifestations culturelles marque cette effervescence en complexifiant le portrait de la société québécoise.

Extrait de l’essai Je suis une maudite sauvagesse

Extrait de l’essai Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse de An Antane Kapesh (1976)

« Moi je pense que le Blanc a détruit notre culture, à nous les Indiens, à notre insu. À présent, nos enfants sont incapables de vivre en forêt comme nous vivions autrefois, nous avons de la difficulté à essayer de vivre comme auparavant. À présent, ce n’est pas dans ma culture à moi que je me trouve et ce n’est pas ma propre maison que j’habite. Je vis la vie du Blanc et vraiment, il n’y a pas une journée où je suis heureuse parce que, moi une Indienne, je ne me gouverne pas moi-même, c’est le Blanc qui me gouverne. »

Source : An Antane Kapesh, Eukuan nin matshi-manitu innushkueu / Je suis une maudite sauvagesse, Montréal, Mémoire d’encrier, 2019, p. 117.

Texte et image : Les lieux de diffusion culturelle

Source : Gabor Szilasi, Bibliothèque nationale du Québec, rue Saint-Denis, Montréal (1969), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, E6,S7,SS1,D690994-690995. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Texte et image : Les lieux de diffusion culturelle

Les lieux de diffusion culturelle

Pour soutenir l’effervescence socioculturelle, l’État québécois accentue son intervention dans le domaine de la culture. En 1961, le gouvernement de Jean Lesage crée ainsi le ministère des Affaires culturelles en vue de promouvoir la culture québécoise, de protéger la langue française et de subventionner la production des œuvres artistiques. À partir de 1968, le gouvernement québécois finance aussi la production télévisuelle de Radio-Québec, un réseau de télévision publique qui sera rebaptisé Télé-Québec en 1996. Jusqu’à la fin des années 1970, l’État québécois intensifie également la construction des lieux de diffusion comme les bibliothèques municipales, les salles de spectacle et les théâtres. En plus de démocratiser l’accès à la culture québécoise, ces interventions du gouvernement provincial contribuent à la diffusion d’une culture de masse dorénavant produite au Québec.

2.2 LA PROTECTION DE LA LANGUE FRANÇAISE

Image et texte : Charte de la langue française

Source : Aislin, Emprisonnement solitaire et la loi 101 (1978), Musée McCord, M983.227.16. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Image et texte : Charte de la langue française

La Charte de la langue française

Au sein de la population québécoise, de nombreux anglophones soutiennent que la Charte de la langue française restreint les droits linguistiques de la minorité anglophone du Québec. Des groupes de pression s’opposent ainsi aux mesures prévues par la loi 101. Ces groupes critiquent notamment les mesures sur la langue d’enseignement, qui réservent l’enseignement en anglais aux enfants dont les parents ont fréquenté le réseau scolaire anglophone du Québec.

Image et texte : adoption loi 101

Source : Jules Rochon, Québec « français » (1967), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, P743,P49. Licence : tous droits réservé, image utilisée avec la permission de BAnQ.

Image et texte : adoption loi 101

Malgré l’opposition du Parti libéral et des groupes de pression anglophones au projet de loi 101, le gouvernement du Parti québécois adopte la Charte de la langue française le 26 août 1977. La loi 101 établit que le français, la seule langue officielle du Québec, devient la langue de la législation, de la justice, de l’administration publique, du travail, du commerce, des affaires, de l’enseignement ainsi que des organismes parapublics comme les hôpitaux et les sociétés d’État. En ce qui concerne la langue d’enseignement, la loi stipule que les anglophones en provenance des autres provinces canadiennes et les nouveaux arrivants issus de l’immigration internationale doivent dorénavant inscrire leurs enfants au réseau scolaire francophone. Finalement, la loi 101 impose le français comme l’unique langue de l’affichage public et de la publicité commerciale.

Texte et image : modifications loi 101

Source : Aislin, La constitution vs. la Loi 101 (1981), Musée McCord, M985.221.94. Licence : Creative Commons (BY-NC-ND).

Texte et image : modifications loi 101

Après son adoption, la Charte de la langue française continue de susciter des débats, notamment en ce qui a trait aux dispositions sur la langue d'enseignement et sur l’affichage unilingue francophone. En 1984, un jugement de la Cour suprême du Canada oblige le gouvernement québécois à modifier la loi 101 pour permettre aux Canadiens anglais des autres provinces qui s’établissent au Québec d’inscrire leurs enfants au réseau scolaire anglophone. En 1988, cette même instance juridique contraint le gouvernement québécois à modifier la loi 101 pour permettre l’affichage bilingue. Dans les deux cas, la Cour suprême du Canada soutient que la version originale de la Charte de la langue française entre en contradiction avec la Charte canadienne des droits et libertés adoptée par le gouvernement fédéral en 1982.