Intention 2
Distinguer le territoire occupé par les Français en Amérique du territoire qu’ils revendiquent face aux autres royaumes européens.
1608 - 1760
Distinguer le territoire occupé par les Français en Amérique du territoire qu’ils revendiquent face aux autres royaumes européens.
En plus de leurs motivations économiques et religieuses, les royaumes européens colonisent l’Amérique en vue d’assurer une présence physique sur le territoire. Pour ce faire, la France tente d’établir des colons en Nouvelle-France, ce qui lui permet d’affirmer qu’elle occupe cette partie du territoire. En occupant le territoire de façon permanente, la couronne française peut revendiquer ce territoire et faire face à la compétition des autres royaumes européens qui intensifient aussi leur occupation du continent américain.
Entre 1608 et 1760, le territoire français en Amérique évolue en fonction des relations avec les Premières Nations. En effet, les nations autochtones continuent d’exercer une influence sur l’accès des colons français aux ressources naturelles et aux cours d’eau ainsi que sur leur intégration aux réseaux économiques et aux systèmes d’alliances autochtones.
L’occupation permanente de l’Amérique du Nord par les Français prend d’abord forme dans les établissements de la vallée du Saint-Laurent. Après la fondation de Québec en 1608, les Français fondent Trois-Rivières en 1634 et Ville-Marie (Montréal) en 1642. Durant les 17e et 18e siècles, ces établissements deviennent des villes qui comptent principalement sur le commerce des fourrures pour soutenir leur développement. Surmontant plusieurs difficultés, les autorités coloniales assurent graduellement le gouvernement et la défense des villes, où les communautés religieuses dirigent des hôpitaux et des écoles.
Pour structurer l’occupation et le peuplement du territoire, les autorités coloniales implantent le régime seigneurial en Nouvelle-France. D’origine française, ce système de subdivision et de propriété des terres façonne les paysages ainsi que les rapports sociaux entre les élites et les colons. En vue d’y pratiquer l’agriculture, les colons défrichent les terres près des villes et celles qui bordent les rives du fleuve Saint-Laurent. Au cours du 17e siècle, cette transformation du paysage prend aussi forme sur les terres qui longent les affluents du fleuve comme les rivières Chaudière, Saint-Maurice et Richelieu. Sur une distance d’environ 400 kilomètres, la production agricole de la Nouvelle-France repose sur le travail des colons et sur la fertilité des sols formant les basses-terres du Saint-Laurent.
À la fin du 17e siècle, le territoire occupé par la France prend de l’expansion avec l’établissement de postes de traite, de missions et de forts dans la région des Grands Lacs et celle du fleuve Mississippi. Ces établissements permettent d’entretenir des relations avec les Premières Nations par l’entremise du commerce des fourrures, de la conversion au christianisme et de la diplomatie, qui peut impliquer des alliances et des rivalités. Dans la région du golfe du Saint-Laurent et de l’océan Atlantique, les Français intensifient leur occupation des côtes pour exploiter les ressources d’un vaste territoire de pêche dont tirent aussi profit les Britanniques.
L’occupation française du territoire est beaucoup moins dense dans les régions des Grands Lacs et du fleuve Mississippi que dans la vallée du Saint-Laurent. Malgré le fait que ces régions sont moins densément habitées par les colons, leur occupation permet tout de même à la France de soutenir ses revendications territoriales face aux autres royaumes européens.
Vers 1700, le territoire revendiqué par la France s’étend de l’océan Atlantique à l’est jusqu’au lac Winnipeg à l’ouest et de la mer du Labrador au nord jusqu’au golfe du Mexique au sud. La Nouvelle-France inclut l’ensemble du territoire revendiqué par la France en Amérique du Nord, un territoire que les autorités coloniales subdivisent en plusieurs régions parmi lesquelles comptent l’ile de Terre-Neuve, le Labrador, l’Acadie, le Canada, les côtes de la baie d’Hudson et la Louisiane.
En parallèle de la colonisation de l’Amérique par les Français, les Britanniques et les Espagnols déploient aussi leurs empires coloniaux sur ce continent. Tous ces royaumes revendiquent le territoire qu’ils occupent, ce qui se traduit entre autres par des rivalités entre la France et la Grande-Bretagne sur les frontières de leurs colonies respectives. Par exemple, les Treize colonies se peuplent et se densifient rapidement, ce qui exerce une pression sur les frontières de la Nouvelle-France.
Les frontières des colonies françaises et britanniques évoluent aussi selon les conflits qui se déroulent en Europe. Par exemple, le traité d'Utrecht de 1713 met fin à une guerre européenne et il exige que la France cède une partie de son territoire colonial à la Grande-Bretagne, incluant l’ile de Terre-Neuve, une partie de l’Acadie et les terres entourant la baie d’Hudson. La France conserve toutefois un accès aux côtes de Terre-Neuve, ce qui lui permet de poursuivre ses activités de pêche durant l’été et de tirer profit des vastes bancs de morue de l’océan Atlantique.
Le territoire occupé et revendiqué par la France en Amérique se transforme en fonction des rivalités entre les empires coloniaux jusqu’à la conquête de la Nouvelle-France par la Grande-Bretagne en 1760. Dans l'ensemble, l’expansion des empires coloniaux transforme aussi le territoire des Premières Nations, au sein duquel de plus en plus de colons d’origine européenne s'aventurent et s’établissent.